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mercredi 2 juillet 2008

Article de Presse-Océan

Presse-Océan
Mercredi 25 juin 2008

FOCUS
Lycéen blessé par un tir de flashball : la famille dénonce « l'opacité de l'enquête »

C'était le 27 novembre dernier. La fronde des étudiants battait son plein pour dire non à la loi Pécresse sur l'autonomie des universités. En fin d'après-midi, les policiers reçoivent l'ordre d'évacuer le millier de jeunes présents dans le parc du rectorat. Charge menée de façon éclair : dans la mêlée, au moins un tir de flashball est tiré, et blesse un jeune lycéen. Deux opérations chirurgicales plus tard, l'étudiant, qui a fêté ses 17 ans en décembre, « a quasiment perdu son œil » rapporte son père, Luc Douillard, professeur de français et d'histoire-géographie à Nantes.
« Selon les médecins, il ne verrait plus que de deux dixièmes sur les côtés. Il capte de vagues mouvements, c'est tout. »

Décision du parquet avant la mi-juillet
La famille du lycéen a déposé plainte pour « violences volontaires avec armes contre X » dès le 6 décembre. Saisie de Fenquête, l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a rendu son rapport au printemps. Classé confidentiel pour l'heure. La famille du lycéen dénonce « l'opacité de l'enquête » et sa lenteur. « On n'est pas dans des délais déraisonnables » rétorque un représentant du parquet de Nantes, qui rappelle que le nouveau procureur, Xavier Ronsin, vient à peine d'arriver et que l'affaire dite des « valises macabres » a mobilisé pas mal d'énergie ces derniers jours. « Une décision sera prise avant la mi-juillet" ajoute t-on.

Vers un classement sans suite ?
En coulisses, un proche du dossier affirme qu'on s'achemine vers « un classement sans suite ». Le flashball, remarque-t-on, est un instrument de dotation légal de la police. Il n'y a pas eu usage disproportionné et inadapté de cette arme. » Une lecture du dossier évidemment contestée par la famille du lycéen, l'usage de la force doit être strictement nécessaire et proportionné, souligne Emmanuelle Lefèvre, mère de l'adolescent touché. "Là, ce n'était pas le cas. Les jeunes étaient déjà poussés vers la sortie.»

Détermination
« L'utilisation du flashball, dans ce cadre précis, était illégale, soutient Me Franck Boezec, avocat de la famille. La thèse de la légitime défense, énoncée par la police, est dérisoire. Il n'y avait aucune situation de péril.» « On ira jusqu'au bout pour obtenir réparation de cette faute, prévient Luc Douillard. Jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme si besoin. »

Yan Gauchard


Emmanuelle Lefèvre et Luc Douillard,
parents du jeune lycéen de 17 ans blessé lors d'une manifestation le 27 novembre dernier.