libellés

mercredi 22 juillet 2009

L’attitude de la police ... (Quotidien l'Humanité)

L’humanité
Article paru le 16 juillet 2009


société
L’attitude de la police dénoncée à Montreuil
Violences . Après le tir de Flash-Ball qui a coûté un oeil à Joachim Gatti et la dispersion brutale de la manifestation, élus et habitants exigent des explications.

« Je condamne l’utilisation des Flash-Ball par la police et demande au ministre de l’Intérieur le retrait de cette arme qui peut tuer.» Cette requête du député apparenté communiste Jean-Pierre Brard en témoigne : une semaine après les violences policières qui ont coûté un oeil au réalisateur Joachim Gatti et blessé quatre autres personnes, atteints mercredi 9 juillet par des tirs de Flash-Ball à Montreuil (Seine-Saint-Denis), la polémique ne s’essouffle pas.

une démonstration de force inutile

Lundi dernier, la violente dispersion de la manifestation de soutien aux cinq victimes a réveillé l’émotion. Et nombreux sont ceux qui dénoncent l’attitude irresponsable de la police. La maire de la ville, Dominique Voynet (Verts), parle d’une « démonstration de force totalement inutile qui a généré à son tour le désordre » et envisage de saisir la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS). Cortège coupé en deux, queue de manifestation chargée, des manifestants plaqués contre les murs, menottés et arrêtés pour être ensuite relâchés plusieurs heures plus tard, sans aucune charge contre eux… Margherita, présente lundi soir, est encore sous le choc. « Nous sommes venus manifester contre les brutalités -policières et nous nous sommes retrouvés chargés par la police, absolument sans raison. À un moment, je me suis retournée et j’ai vu la police courir vers nous, par la queue de la manifestation. Avec des habitants, on a crié pour qu’ils s’arrêtent. En vain. »

Pour Philippe Capon, de l’UNSA police, le premier problème vient de la présence de la brigade anticriminalité (BAC) : « Dans le cadre d’une manifestation, la BAC ne doit pas intervenir en premier rideau, mais en support de forces spécialisées, CRS ou gendarmerie mobile. Dans un contexte difficile, comme c’est le cas à Montreuil, une unité extérieure à la ville, comme les CRS, aurait été plus à l’aise pour gérer les prises à partie. » Pour lui, le tir de Flash-Ball qui a atteint Joachim Gatti n’aurait pas dû avoir lieu. « C’est un équipement antiémeute qu’on n’utilise pas en manifestation, les CRS ne l’auraient pas fait. » Une enquête de l’IGS (police des polices) est en cours.

Les lanceurs de balle de défense, désignés communément par la marque Flash-Ball, sont une arme munie d’un projectile en caoutchouc, de catégorie 4, c’est-à-dire « non létale », en théorie. Mais utilisée à une portée réduite ou à bout portant, et surtout en direction du visage, comme cela a été le cas pour Joachim Gatti, elle peut occasionner de graves mutilations. « Les progrès ont leurs effets pervers, explique le chercheur Christian Mouhanna. Quand des policiers ont un pistolet à la ceinture, ils hésitent à s’en servir. Le problème est différent pour des armes non létales comme le Flash-Ball ou le Taser. Normalement réservés à des cas de légitime défense, on voit que dans les cas de dérapages elles ont été utilisées de façon punitive. »

Anne Roy