libellés

mercredi 22 juillet 2009

Voynet met en cause la police (Quotidien Libération)

Société 14/07/2009 à 08h56

Montreuil: Voynet met en cause la police

La maire dénonce une «démonstration de force inutile» au lendemain des affrontements qui ont éclaté lundi soir à Montreuil, 24 heures après qu'un homme a été atteint au visage par un tir de flashball.

Entre 250 à 300 personnes ont protesté lundi soir à Montreuil contre les «violences

Entre 250 à 300 personnes ont protesté lundi soir à Montreuil contre les «violences policières». (© AFP Benjamin Gavaudo)

Dominique Voynet, maire de Montreuil (Seine-Saint-Denis), a dénoncé mardi de la part de la police «une démonstration de force totalement inutile qui a généré à son tour le désordre», au lendemain des affrontements qui ont opposé manifestants et policiers dans sa ville.

Entre 250 à 300 personnes protestaient lundi soir contre l'expulsion mercredi dernier de plusieurs squatters qui occupaient une ancienne clinique, au cours de laquelle un homme affirme avoir perdu un oeil à la suite d'un tir de flashball par les policiers.

Un premier face à face tendu s'est produit entre forces de l'ordre et manifestants, non loin de la mairie, durant lequel ces derniers ont tiré à l'aide de mortiers de feu d'artifices et de fusées en direction des gardes mobiles qui n'ont pas répliqué.

Dans un souci d'apaisement, les organisateurs de la manifestation ont cherché à modifier le parcours pour éviter que le face à face ne se prolonge, repartant vers la Croix de Chavaux. Un nouveau face à face s'est produit peu avant 21h00 au niveau du marché de la Croix de Chavaux, forces de l'ordre et manifestants se trouvant de part et d'autres.

Gaz lacrymogènes

Les forces de l'ordre ont alors chargé la queue de la manifestation, entraînant la réplique de nombreux manifestants par des jets de projectiles, de chaises et de peinture. Les gardes mobiles ont par la suite chargé à plusieurs reprises, faisant également usage de gaz lacrymogènes et procédant à diverses interpellations, une vingtaine selon le site Rue89.

Pour Dominique Voynet (Verts), interrogée sur France Info ce mardi, la «manifestation dans laquelle la tension était palpable, dans laquelle aucune violence n'a été commise» a «été dissoute assez violemment par les forces de l'ordre».

Elle a ajouté que les policiers «ne se sont pas contentés de séparer les manifestants» mais ont «plaqué violemment un bon nombre d'entre eux contre les murs» et «les ont frappés à coup de matraque» et «arrosés de gaz lacrymogène, devant des habitants de la ville totalement stupéfaits et effarés».

«Enquête indépendante»

Reconnaissant «que certains manifestants étaient venus avec l'envie d'en découdre» mais «qu'ils étaient une toute petite minorité», Dominique Voynet a estimé «que c'est le métier des policiers de séparer la grande masse des manifestants pacifiques et de faire en sorte de cantonner les personnes qui pourraient être tentées d'en faire plus. Il se trouve que ça na pas été le cas».

L'ordre de dissoudre la manifestation, qui «apparemment venait d'en haut», est «arrivé à un moment où les manifestants étaient totalement pacifiques et tranquilles», a-t-elle dit.

Elle a demandé une «enquête indépendante» pour «permettre de dire exactement s'il y eu des violences, quelles étaient ces violences».

«Je ne pense pas pour ma part qu'elles venaient des manifestants, elles venaient surtout des policiers», a-t-elle ajouté, en indiquant qu'elle allait saisir la commission nationale de déontologie de sécurité.

Pas de blessés

A la question de savoir si la manifestation avait été autorisée, la maire de Montreuil a reconnu que la manifestation n'avait pas été déclarée et qu'elle ne pouvait pas «être considérée comme explicitement autorisée».

Toutefois, a-t-elle dit, «à ma connaissance, elle n'était pas non plus interdite, donc la liberté de manifester son opinion devait être respectée».

Elle a enfin mis en cause le comportement du directeur départemental de la sécurité publique qui, interpellé par des habitants, aurait rétorqué : «si vous n'êtes pas contents, il faut être conscient du fait qu'en Iran, on tire sur des gens».

Selon Mme Voynet, il n'y a pas eu de blessés lors de ces affrontements et douze personnes ont été interpellées, «un peu au hasard» dont «un journaliste du Monde», puis remises en liberté.

Le Parti Socialiste a demandé pour sa part lundi que l'Inspection générale des services (IGS) de la police et la Commission nationale de déontologie de la sécurité «puissent faire toute la lumière» sur ce «grave incident».

(Source AFP)