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mercredi 29 octobre 2014

Déréglement meurtrier de la politique de maintien de l'ordre en France

Depuis novembre 2007 nous tenons à jour ce blog qui recense toutes les affaires concernant les blessures par flashball dans le cadre de l'utilisation de cette arme par la police. 
Le drame qui vient d'avoir lieu au Testet, la mort de Rémi Fraisse, s'inscrit, hélas logiquement, dans cette longue suite de violences policières, conséquence de l’évolution des politiques de maintien de l’ordre depuis une dizaine d’années, appuyées sur une nouvelle idéologie, de nouveaux dispositifs et de nouveaux armements. 
Les conséquences meurtrières du déploiement des forces policières et de gendarmerie sur le site du Testet rappellent d'autres violences policières qu'il convient pour nous de lier à ce drame. 
Il nous paraissait également annoncé, depuis que nous suivons les affaires de blessures par Flashball, récemment encore lors des manifestations contre l'aéroport de Notre Dame des Landes, qu'un jour ou l'autre un drame aurait lieu.
Ce drame est aujourd'hui une affaire d'Etat.
L'évolution des politiques de maintien de l'ordre, leur dérèglement, produit des effets visibles que nous déclinons en 4 points :

Militarisation de la police
  • Les armements nommés "non-létales", tout récemment renommées "armes de force intermédiaire", sont en fait extrêmement invalidantes jusqu'à tuer : flashball, lanceur de balles de défense, taser, grenades assourdissantes, munitions lacrymogènes à fragmentation, dispositifs balistiques de dispersion… [PDF armes de la police]
  • La fusion police/gendarmerie a créé les conditions d'une compétition répressive.
  • Les forces de l'ordre se sont sur-équipées (la réalité a rejoint la fiction des "robocops").
Doctrine du maintien de l'ordre
  • Les notes de services et d'usage des armes de maintien de l'ordre sont très souvent non respectées. Dès lors, le terme de "bavures" invoqué par les policiers eux-mêmes et relayé par la presse est absolument impropre.
  • Les Brigades Anti Criminalité (BAC), cherchant à agir dans le cadre de flagrants délits, se comportent méthodiquement comme agents provocateurs : invectives et agressions envers les manifestants.
Disproportion systématique des actions engagées par la police pour réprimer les rassemblements sociaux.
  • L'usage du flashball et du LBD comme arme d'intimidation et d'attaque et non pas comme moyen de dégagement en cas d'agression. [une illustration]
  • L'usage de grenades offensives et lacrymogènes dans des quantités excessives, sans mesure ni discernement.
Criminalisation de l'expression des mouvements sociaux
  • Les arrestations arbitraires et les prélèvements ADN qui criminalisent si refus.
  • Un couple police/justice d'urgence qui amplifie les conséquences répressives.
  • Une terminologie qui confond manifestation et agression, manifestant et black block, dégradation et dévastation.
En conséquence, il nous parait important que soient liés, dans la parole publique, le drame qui a coûté la vie à Rémi Fraisse et le dérèglement général des politiques de maintien de l'ordre, ainsi que les décisions de justice qui, de non lieux en relaxes, conduisent policiers et gendarmes à penser qu'ils peuvent agir en toute impunité.