samedi 1 novembre 2014

Mort de Rémi Fraisse à Sivens le dimanche 26 octobre 2014

« Il avait un peu bu dans la soirée, mais n’était pas ivre, il avait juste une bouteille de vin et des gâteaux apéritifs dans son sac à dos. Je l’ai vu partir d’un coup en criant « Allez, faut y aller ! » Il a commencé à courir devant. Il n’avait rien pour se protéger, il n’a pas mesuré ce qui l’attendait. Les flics ont tiré en rafale, je me suis écartée pour me mettre à l’abri. Quand je me suis retournée, Rémi n’était plus là. »
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« Dans le cas de Rémi, La Dépêche du midi a ouvert le bal des mythomanes en publiant cette histoire de corps retrouvé dans la forêt, laissant planer l’idée que la police n’avait rien à voir là-dedans, voire même qu’elle l’avait recueilli. Mais nous pouvons démontrer collectivement, par la contre-enquête populaire et des contre-médias auto-organisés que la police assassine régulièrement, que sa violence est systémique, systématique et portée par des structures politiques, économiques et sociales. La police distribue la férocité des classes dominantes. »
Un ITW de Mathieu Rigouste, chercheur en sciences sociales, sur le site Aparté
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« Que cette militarisation ait progressé ou non en France, la doctrine de l’évitement (on évite autant que possible le contact direct avec les manifestants) reste toujours officiellement privilégiée. Cette spécificité française a de nombreux atouts mais elle n’est pas infaillible, loin de là. Si la thèse de la grenade offensive est confirmée, le drame de Sivens en sera la triste preuve. »
Un ITW de Mathieu Zagrodzki, chercheur en science politique, sur le site du Nouvel Observateur.
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« Journal filmé des évènements à partir du 1er septembre, début de la  déforestation, passage en force du Conseil Général du Tarn et de  l'armée et montée très rapide et exponentielle des violences policières  à l'encontre de tous les opposants au projet. (dont, à 21'20, la description d'un exemple de tir de flashball policier illégal) »
Le conseiller général, l'arbre et le débat démocratique de Jolene White
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« Non loin de Toulouse et d’Albi, dans le Tarn, tout est réuni pour un nouveau scandale écologique et politique. Une société d’économie mixte (CACG) juge et partie pour la construction d’un barrage destiné à l’agriculture industrielle, des violences policières inacceptables, des milices venues « casser du jeune », des enjeux au plus haut sommet de l’État où l’on voit le Parti radical de gauche (PRG) et son président Jean-Michel Baylet s’entendre avec le PS pour l’exploitation de quelques hectares de forêt… Là où coulait un tranquille ruisseau, une lutte voit le jour contre le saccage des terres et pour une organisation sociale sensible à la notion de « bien commun ». »
Avant le rassemblement national du 25 octobre dans le Tarn, Jef Klak a rencontré deux opposant⋅e⋅s au projet de barrage pour comprendre les raisons et les enjeux de cette nouvelle ZAD (Zone à défendre).
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MISE AU POINT

Comment est mort Rémi ?

Courtes explications à l'usage des journalistes (incompétents ? ), et de tou-te-s celles et ceux qui veulent en savoir plus sur les armes de la police, comprendre comment est mort Rémi.

Qu'est ce qu'une grenade « offensive » ?

Les flics font usage de deux types de grenades explosives lors du maintien de l'ordre, souvent confondues par les manifestant-e-s :
  • les grenade dites de « désencerclement », officiellement Dispostif Ballistique de Désencerclement. Elles projettent 18 projectiles en caoutchouc sur plusieurs mètres de diamètres en explosant et peuvent également projeter des débris en fer.
  • les grenades dites « assourdissantes », ou « offensives » dans les médias. Plus puissantes que les premières, elles provoquent un effet de souffle, un effet sonore très intense, mais ne sont pas conçue pour envoyer des projectiles. Elles dégagent également un peu de lacrymogène concentré. Il n'est néanmoins pas rare qu'elles projettent des éclats de plastique, de fer, ou même qu'elle détachent des morceaux de sol en explosant. Techniquement cette grenade s'appelle GLI F4. Il s'agit, selon les informations qui nous parviennent, ce type de grenade qui a tué Rémi.
Ces grenades sont toutes deux conçues par le fabriquant français LACROIX-ALSETEX.
Elles peuvent être lancées à la main ou par des lanceurs (deux modèles de lanceurs existent, le Chouka ou le Cougar) qui peuvent projeter des munitions à 50, 100 ou 200 mètres.

Bien que cela soit interdit, il n'est pas rare qu'une grenade soit envoyée en tir tendu à hauteur d'homme. C'est probablement ce qui est arrivé à Rémi, pour qu'il soit atteint dans le haut du dos. On laisse à chacun imaginer les dommages gravissimes provoqués d'une part par le choc d'un projectile lancé par un de ces lanceurs ajouté à l'explosion de la grenade quand elle atteint un corps humain.

Plus de précisions techniques (PDF)

Concrètement, qu'est-ce que font ces grenades « offensives » (GLI F4) en explosant ?

Voici l'explosion d'une grenade GLI F4 lancée sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes au moment des expulsions de l'automne 2012 : https://www.youtube.com/watch?v=-iT6lmtxq1w#t=6m30s

Les flics et leur hiérarchie ont allègrement menti dans les médias en affirmant n'avoir lancé « qu'une seule grenade » lors des évènements du Testet. Une vidéo du groupe GROIX durant 29'' et intitulée « Terreur (d'État) au Testet » montre le contexte, l'ambiance de la manifestation du 25 octobre suite à laquelle Rémi a perdu la vie. On peut-y repérer distinctement et à plusieurs reprises des explosions de grenades, leur son, leur souffle, leurs effets.

La voici (cliquer sur le lien) : https://www.youtube.com/watch?v=9n4BWYNcFrk
Analyse :

D'abord on note que la manif est assez calme, les affrontements sont quasi-inexistants, éventuellement de très basse intensité à la toute fin de la vidéo. Pour cause, les opposant-e-s, en retrait, situés à plusieurs dizaine de mètres des forces de l'Ordre (gendarmes et CRS), reçoivent de nombreuses salves de grenades en tout genre tout au long du face à face.

- Au début de la vidéo, es différents envois de lacrymogènes provoquent des débuts d'incendies dans l'herbe qui reste.
  • A 12'40'', on repère une explosion de grenade GLI F4, probablement envoyée par un lanceur. Une deuxième explosion est clairement visible à 12'56''. A 14'35'' une personne est blessée par une de ces mêmes grenades envoyée dans un groupe d'opposant-e-s, et doit être évacuée par plusieurs manifestants. 
https://www.youtube.com/watch?v=9n4BWYNcFrk#t=14m35
  • A 16'05'', un manifestant que l'on peut qualifier de « pacifique » prévient les gendarmes : « vous allez faire deux ou trois morts ». Quelques heures plus tard, Rémi mourait.
Ces exemples (au moins huit formellement identifiés en quelques minutes) illustrent la puissance des explosions de ces armes policières et la porté que peuvent avoir ces grenades propulsées par les lanceurs. Rémi en a peut-être reçue une en tir tendu...

Chacun peut constater en voyant de telles déflagration, que de telles armes peuvent tuer. Des « professionnels du maintien de l'ordre » le savent pertinemment.

Ils ont tiré pour tuer.

Maintenant que vous savez, partagez, expliquez autour de vous. … Et surtout, protégez vous face aux armes de la police.