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lundi 27 décembre 2010

Le lycéen blessé à Montreuil s'exprime

Paris-Match/actu-match | Mercredi 22 Décembre 2010

Geoffrey, l’adolescent blessé au flashball n’oublie pas

Geoffrey, l’adolescent blessé au flashball n’oublie pas
| Photo DR Le Parisien / Maxppp
 
Geoffrey Tidjani, blessé par un flashball à Montreuil en octobre dernier s’est confié au micro d’Europe 1. L’adolescent accompagné de sa mère et de son avocat, est revenu sur l’incident et n’a pas caché sa «haine».

Marine Decremps - Parismatch.com
 
Il y a deux mois, jour pour jour, Geoffrey Tidjani a été touché par un tir de flashball lancé par un policier sur des lycéens qui manifestaient contre la réforme des retraites. Au micro d’Europe 1, le jeune homme encore bouleversé par l’incident, a déclaré aller mieux mais a concédé qu’il y avait encore «beaucoup de chemin» pour accepter ces blessures qui ne sont «pas belles à voir dans un miroir, surtout pour le moral.» Face au journaliste, cette victime âgée de 16 ans, a parfaitement reconnu s’être emparé d’une poubelle en vue d’élever une barricade devant son lycée, mais n’admet toujours pas avoir reçu «une telle agression de la part d’un policier». Pour cet élève de lycée, rien ne justifiait un tel acte, car durant le rassemblement, les jeunes «étaient très passifs», a-t-il déclaré.

Lorsqu’on lui demande s'il a eu un contact avec le représentant de l’ordre à l’origine du tir, il répond d’un ton ferme: «non du tout, et il ne vaut mieux pas d’ailleurs.» Pour Geoffrey, témoigner est une nécessité car il ne souhaite pas que des affaires comme la sienne soient «étouffées». «J’ai de la haine contre lui,» a lancé le jeune homme encore fragile. Depuis l’accident, il a subi trois opérations avec anesthésie générale pour ses fractures au nez et à la pommette, la dernière consistait à lui recoller la rétine de l’œil gauche. La maman de Geoffrey, Corinne Naudin est également intervenue à l’antenne. Pour elle, son fils «n’est pas un voyou» et toutes ses craintes aujourd’hui concernent la santé de son fils. «J’ai eu très peur qu’il ne recouvre pas la vue de son œil gauche,» a-t-elle confié. Aujourd’hui le garçon attend la rentrée pour être «un élève comme les autres», mais dont beaucoup se préoccupent. «Mes amis ont été très présents, beaucoup de gens se sont rapprochés de moi» a-t-il dit.

Un geste disproportionné

«Il pleure, il est dans une souffrance extrême», avait raconté Corinne, la mère du lycéen, rencontrée le jour du drame par Europe 1. «Là, on est plus en colère que jamais. Quand on voit Geoffrey aujourd’hui, on ne peut pas pardonner», témoignait-elle. Geoffrey Tidjani avait été blessé au visage lors des mouvements de protestations contre la réforme des retraites. Ce jour-là, les policiers sont intervenus par la force alors que les manifestants bloquaient l’accès au lycée à l’aide de barrières et de poubelles. Les forces de l’ordre mobilisées pour ces émeutes avaient été chargées de les disperser et ont finalement tiré au flashball sur les adolescents. Cette version avait alors été corroborée par la sénatrice-maire de Montreuil, Dominique Voynet, et une élève de seconde racontait: «Ils ont fait empirer la situation en utilisant des matraques, des gazeuses.»

Selon la maire de Montreuil, les règles d'utilisation de flashball n'avaient pas été respectées. Ces dispositions ont été dressées en mai dernier par la Direction centrale de la sécurité publique (DCSP) et stipulent entre autres, que cet usage doit impérativement être proportionné et qu’il est interdit de viser au niveau de la tête. Or,Geoffrey a été touché au visage. Dans les rangs des autorités, on a assuré que la riposte était mesurée. Mais maître Jean-Pierre Mignard, l’avocat de Geoffrey, a déploré aujourd’hui sur Europe 1 des contradictions dans l’affaire. «Ils se sont contredits, il n’y avait pas de menace,» a-t-il expliqué, rappelant qu’une vidéo ne montrait pas la prétendue attaque du jeune homme envers les policiers. Pour le professionnel de la loi, la procédure judiciaire engagée est nécessaire car «chacun doit être sincère» et il faut signaler «qu’il n’y a pas eu agression de la part de Geoffrey mais bien une perte de sang-froid» du policier. «Quand il s’agit de jeunes gens, il faut réduire de manière drastique l’usage du flashball,» a-t-il conclu. Point final

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Le Parisien.fr

ÉLODIE SOULIÉ | 22.12.2010

VIDEO. «Je veux retrouver mon visage et ma vie d’avant»

Geoffrey, 16 ans, blessé d’un tir de flash-ball à Montreuil-sous-Bois lors d’une manifestation contre la réforme des retraites, raconte sa vie dévastée.

« Attendre », « laisser faire le temps »… Depuis deux mois, Geoffrey l’a entendu souvent, cet appel à la patience. Mais de patience, ce lycéen de 16 ans qu’un tir de flash-ball en pleine face a brutalement sorti de l’anonymat, un jour de manifestation anti-réforme des retraites, n’est pas sûr d’en avoir beaucoup.
Geoffrey voudrait très vite « montrer que je ne suis pas un voyou », et surtout « être comme tout le monde».
Pas si simple, après la blessure qui a failli lui coûter son œil gauche et le défigurer, ce 14 octobre dans les rues de Montreuil-sous-Bois, lorsqu’une manif partie du lycée Jean-Jaurès a dégénéré. La vidéoamateur saisie depuis par les enquêteurs de l’inspection générale des services montre l’ado renversant une poubelle puis s’effondrant. Un tir de flash-ball venait de lui casser le nez, les sinus, la pommette gauche et d’endommager son œil. L’affaire est aujourd’hui entre les mains d’un juge d’instruction. Le policier, qui défend quant à lui « un contexte de violences urbaines», risque d’être mis en examen pour « violences volontaires ».

Énormes problèmes de vision

Geoffrey et ses parents s’efforcent de « retrouver la vie d’avant, une vie normale ». « Ça va mieux, explique gravement l’adolescent au regard brun, mais j’ai d’énormes problèmes de vision. De mon œil gauche, je vois tout flou, et je ne suis pas sûr de récupérer ne serait- ce que 4 dixièmes. » Après trois opérations de chirurgie réparatrice en quelques semaines, « les médecins disent que je retrouverai mon visage d’avant, mais pour l’instant, il est en partie figé et insensible et je n’arrive pas à me convaincre que ce sera mieux », poursuit Geoffrey, qui voue cependant une « vénération » aux chirurgiens qui l’ont soigné.

Côté moral, « ce n’est pas encore ça » non plus. Elève de 1re SEN (systèmes électroniques numériques) au lycée Condorcet de Montreuil, il a repris les cours le mois dernier : « Mais c’est difficile. Je n’arrive plus à me concentrer, parfois j’aides trous de mémoire. Je ne suis plus comme avant…» Il a aussi dû lâcher le rugby et n’a pas encore retrouvé goût à la guitare. En évoquant par bribes les suites judiciaires, l’adolescent avoue avoir « beaucoup de colère, et même de la haine parce que c’est injuste ».« Je ne regrette pas d’avoir participé à ces manifs. On a fait de moi un voyou parce qu’une vidéo me montre avec une capuche, mais je l’avais mise pour me protéger des gaz lacrymogènes ! A part renverser une poubelle, je n’ai rien fait…» répète inlassablement Geoffrey.

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Par Europe1.fr avec Guillaume Cahour
Publié le 22 décembre 2010 à 07h27 Mis à jour le 22 décembre 2010 à 07h43

Blessé par un flashball : "J’ai la haine"

EXCLU E1 - L’adolescent blessé à Montreuil par un flashball en octobre, en veut à la police.
Deux mois après, Geoffrey Tidjani garde encore les stigmates du tir de flashball reçu en plein visage. C’était à la mi-octobre, à Montreuil, lors des manifestations contre la réforme des retraites, devant son lycée. Alors qu’il est en train de pousser une poubelle, l’adolescent âgé de 16 ans reçoit un tir de la police. Bilan : des fractures de la pommette et de la mâchoire, nécessitant plusieurs opérations, et la menace, finalement écartée, de perdre un œil.
"Je vais mieux, bien sûr, mais il y a encore du chemin. Se voir comme ça dans la glace, c’est pas beau, surtout pour le moral", témoigne pour la première fois Geoffrey en exclusivité pour Europe 1. "Je savais exactement ce que je faisais. Mais jamais je n’aurais pensé qu’on me tire dessus. Jamais je n’aurais cru avoir de l’agression de la part des policiers. Nous étions très très passifs. Je ne me sens pas responsable."

Ecoutez Geoffrey au micro de Guillaume Cahour :
L’adolescent reste aujourd’hui très en colère. Il n’a pas rencontré le policier qui lui a tiré dessus. "Il ne vaut mieux pas", répond fermement le lycéen. "J’ai une haine contre lui et toux ceux qui ont fait étouffer des affaires comme la mienne.
Une enquête a été ouverte et un juge d'instruction de Bobigny a été saisi pour faire la lumière sur l'incident, et notamment pour savoir pourquoi le policier a tiré, et s'il a fait les sommations d'usage. Le fonctionnaire pourrait être mis en examen. Le magistrat instructeur devrait s'appuyer sur des vidéos amateurs, notamment une où on voit l'adolescent pousser une poubelle avant de tituber en se tenant le visage.