libellés

mercredi 1 avril 2009

violences policières décembre 2008 Nantes

15 décembre 2008
Encore le comportement de la police nantaise. "Lycéens en danger".

Des policiers déguisés en jeunes voyous, des actes provocateurs de violences, voici ce qu'a vu ce témoin vendredi dernier à Nantes, prêt à témoigner devant la justice, selon ce texte parvenu ce lundi matin.

Une précision : Lors de la manifestation du 27 novembre 2007 au Rectorat, durant laquelle un lycéen a été gravement blessé à l'oeil, il n'y avait pas que la BAC, mais également un autre corps de police, la CDI (Compagnie départementale d'intervention) ainsi que des gendarmes mobiles. Ce que l'enquête en cours sur cette affaire montre d'ores et déjà, c'est que : Il s'avère (dans cette affaire nantaise désormais suivie notamment par Amnesty International à Londres) que la République française a donc expérimenté sur des enfants, dans des conditions illégitimes et à peu près clandestines, une nouvelle arme mutilante très dangereuse et méconnue, le LBD 40 ("lanceur de balles de défense"), une sorte de super-flasball.

C'est digne de foi et le texte a été envoyé par son auteur à Ouest France en vue du Forum des lecteurs.
A faire circuler ici et là.

Lycéens en danger

Ce vendredi 12 décembre après-midi, contraint de rejoindre à pied le Sud Loire où je réside pour cause de perturbations sur le réseau du tramway, je me suis trouvé emporté au cœur d’une manifestation lycéenne bon enfant en route pour bloquer la circulation au pont de Pirmil. J’avoue avoir été agréablement surpris par l’ambiance chaleureuse dégagée par ce cortège formé d’une jeunesse à la fois désespérée et pleine d’espoir. Autant le dire, et tant qu’à marcher, je me suis laissé saisir par le mouvement de protestation sans trop de résistance intérieure.

Arrivé place Mangin, surprise : ce que les lycéens en colère entendaient réaliser avait déjà été fait par les forces de l’ordre. Un cordon d’hommes et de véhicules de la compagnie départementale de sécurité publique (et non pas de CRS comme le pensaient les manifestants) barrait en effet le bas du pont côté nord. Mais peut-être s’agissait-t-il là d’une stratégie rationnelle de maintien de l’ordre ? Soit ! Rien là de bien problématique. Ce qui m’est en revanche apparu vraiment inquiétant a commencé au moment où le cortège a rejoint le barrage policier. Durant environ vingt minutes les piétons de passage (certains ayant des enfants à récupérer à l’école) ont tout d’abord été interdits de franchissement par les forces de police de même que des lycéens du Sud Loire qui souhaitaient quitter la manifestation. Résultat : on a énervé des nantais déjà contraints à la marche qui n’en demandaient pas tant et laissé des adolescents dans une manifestation qu’ils entendaient quitter. Bizarre…

La suite est encore plus troublante : après un ordre de dispersion donné aux derniers occupants de la place Mangin par un officier clairement identifié, la bonne centaine de manifestants restants a commencé à reculer. Il y a certes eu un coup de matraque sur la tête d’une jeune fille d’environ 1 m 55 bien propre sur elle et en rien menaçante… Mais bon, passons ; on était peut-être encore ici dans le cadre d’un usage légitime et proportionné de la force. Repoussé, « raccompagné » plutôt – il faut être juste – par quelques policiers en tenue anti-émeute, le dernier carré des lycéens en colère a alors commencé à se retirer doucement en direction du centre ville.

Là, après avoir longé discrètement la voie du tram, sont apparus des individus plutôt costauds, en civil, sans brassards permettant de les identifier comme policiers, certains portant capuche et même capuche et écharpe jusque sous les yeux pour l’un d’eux. A ce moment, en tant que parent d’adolescents qui auraient pu faire partie du lot, on n’en a pas cru ses yeux : l’un des policiers au look de « casseur » a bousculé sans grands ménagements un manifestant traînard, un autre, visage découvert celui-là, a asséné un coup de poing ganté dans le bas des côtes ou du dos d’un autre gamin. Je n’ai rien vu qui puisse justifier un tel comportement aussi gratuitement violent.

Sincèrement, est-ce là une manière légale d’user de la force légitime conférée par la loi aux policiers ? La brigade anti-criminalité, car c’est d’elle qu’il s’agit, est-elle bien adaptée et formée au maintien de l’ordre ? N’y a-t-il pas aussi manquement au devoir de réserve quand ces mêmes policiers, en se tapant ouvertement sur les cuisses, raillent publiquement l’Internationale que viennent d’entonner les derniers lycéens sur le boulevard ?

Ce que je rapporte là n’a rien d’une dénonciation gratuite et je répondrai très précisément à toute question qu’une justice au service des citoyens pourraient être amenée à me poser à propos de ce que j’ai vu ce vendredi. Et qu’on ne me dise pas que s’exprimerait ici un sentiment « anti-flic » ! L’argument vaut ce qu’il vaut, mais j’ai passé la soirée d’hier en la compagnie amicale d’un membre respectable des forces de l’ordre de l’agglomération nantaise qui a manifestement une toute autre conception de son métier que ceux que j’ai pu voir à l’œuvre cette après-midi.

En tout cas, tout cela est très inquiétant et il me semble important que les parents des lycéens-manifestants du moment sachent ce que l’on réserve à leurs enfants s’exprimant pacifiquement dans la rue comme il est autorisé. Et je n’oublie pas qu’il y a peu un autre jeune manifestant a eu un oeil gravement atteint par un tir de flash-ball de nouvelle génération. De mémoire, il me semble que la brigade anti-criminalité en était responsable ?

Un parent de lycéen offusqué