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mercredi 22 juillet 2009

Article du Monde.fr [12 juillet]

A Montreuil, un homme perd un œil après un tir de Flash-Ball par la police
LEMONDE.FR : Article publié le 12.07.09

Joachim Gatti est un réalisateur de 34 ans, impliqué depuis plusieurs années dans les activités de La Clinique occupée, à Montreuil (Seine Saint-Denis). Un site ouvert, à la fois salle de projection, centre d'information sur les droits sociaux et espace de débat, installé dans une ancienne clinique. Mercredi 8 juillet, les lieux ont été évacués par la police.
Pour protester contre cette expulsion, Joachim et les résidents décident d'organiser, mercredi soir, une fête à l'entrée de la rue piétonne du quartier Croix-de-Chavaux. Ils souhaitent interpeller les riverains sur leur situation, mais la police pense qu'ils veulent réinvestir la clinique. En début de soirée, elle intervient, procède à trois arrestations et tire au Flash-Ball pour disperser les participants. Joachim Gatti est emmené à l'hôpital de l'Hôtel-Dieu, le visage en sang. Il vient de perdre son œil droit.

"BRUTALITÉ POLICIÈRE"

Selon la préfecture, citée par l'AFP, les "squatters" ont tiré des projectiles sur les policiers, les obligeant à riposter en faisant usage de Flash-Ball. Mais pour Stéphane Gatti, le père de Joachim, il s'agit d'un exemple de "brutalité policière".
Dans une lettre qui circule sur Internet, il dénonce un "scandale" et rapporte les propos de son fils lorsqu'il lui a décrit la scène : "Il y a eu des feux d'artifice au-dessus du marché. Nous nous y sommes rendus. Immédiatement, les policiers qui surveillaient depuis leur voiture se sont déployés devant. Une minute plus tard, alors que nous nous trouvions encore en face de la clinique, à la hauteur du marché couvert, les policiers qui marchaient à quelques mètres derrière nous ont tiré sur notre groupe au moyen de leur Flashball. A ce moment-là, je marchais et j'ai regardé en direction des policiers. J'ai senti un choc violent au niveau de mon œil droit. Sous la force de l'impact, je suis tombé au sol. Des personnes m'ont aidé à me relever et m'ont soutenu jusqu'à ce que je m'assoie sur un trottoir dans la rue de Paris. Devant l'intensité de la douleur et des saignements, des pompiers ont été appelés."

Un témoignage qui concorde avec celui d'une militante du Groupe d'information et de soutien des immigrés (Gisti), présente au moment des faits, qui raconte au site Mediapart : "Nous devions être une trentaine à nous être rassemblés à l'entrée de la rue piétonne de Montreuil. L'idée était de faire une cantine, après l'expulsion du matin, pour informer les gens, distribuer des tracts, mettre des banderoles et montrer que la clinique avait été évacuée. (...) A un moment, des feux d'artifice sont lancés au niveau de la place du marché, près de la clinique, pas très loin de l'endroit où nous étions rassemblés. Nous nous y rendons en ordre dispersé, sans aucune intention de réinvestir les lieux. Nous restons là environ cinq minutes. Au moment où nous faisions demi-tour pour quitter la place, les policiers sont arrivés et se sont équipés. Ils étaient plus nombreux que ce que j'avais pu voir au début. Ils viennent vers nous. Tout s'est passé en l'espace de trois minutes. Il n'y a eu aucune bagarre ou confrontation avec la police, aucune sommation. Ils étaient à cinq mètres et ils ont tiré plusieurs fois avec leurs Flash-Ball."

"LA RESTAURATION D'UNE POLICE RÉPUBLICAINE N'EST PAS ENCORE ACHEVÉE"

D'après la mairie de Montreuil, le commissaire de police local a fait savoir qu'il allait saisir l'Inspection générale des services (IGS) afin que "la lumière soit faite sur les circonstances" de l'affrontement entre la police et les squatters. "La ville a demandé une explication et salue la décision du commissaire de saisir l'IGS. Mais je constate que le travail de restauration d'une police républicaine n'est pas encore achevé à Montreuil", déclare Dominique Voynet, la sénatrice-maire (Verts) de Montreuil.

Un rassemblement en soutien au jeune homme était prévu dimanche, vers 15 heures. Les membres de La Clinique occupée appellent également à une manifestation lundi 13 juillet, à la Croix-de-Chavaux.

Le Monde.fr