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dimanche 11 mars 2012

Le nouvel Observateur 6 mars 2012

Jeune éborgné par un lanceur de balles de défense en 2007: procès à Nantes du policier

Le tribunal correctionnel de Nantes examinera mardi et mercredi les charges pesant sur un policier soupçonné d'avoir éborgné un adolescent de 16 ans en faisant usage d'un fusil lanceur de balles de défense à longue portée tirant des balles de mousse, lors d'une manifestation en 2007. (c) Afp

Le tribunal correctionnel de Nantes examinera mardi et mercredi les charges pesant sur un policier soupçonné d'avoir éborgné un adolescent de 16 ans en faisant usage d'un fusil lanceur de balles de défense à longue portée tirant des balles de mousse, lors d'une manifestation en 2007.
L'arme se différencie du gomme-cogne de marque Flash-Ball par une portée beaucoup plus longue, jusqu'à 40 mètres, et une bien plus grande précision de tir. Il s'agira de la première audience concernant ce modèle précis d'arme dite sublétale, le LBD40.

Le policier comparaîtra pour "violence volontaire avec arme par personne dépositaire de l'autorité publique".
L'adolescent victime du tir a perdu l'usage de son oeil. Sa famille et ses amis, qui ont créé un "Collectif contre les violences policières du 27 novembre 2007", estiment que "la police a attaqué une manifestation de lycéens et d'étudiants pacifiques" et que "le policier a délibérément visé au visage un manifestant pour le mutiler". La Ligue des droits de l'Homme (LDH) s'est portée partie civile.
Une manifestation de soutien est prévue mercredi à 14H00 devant le palais de justice de Nantes, à l'appel du Collectif contre les violences policières, de l'intersyndicale CGT-CFDT-FSU-Solidaires-SEN-Unef, ainsi que de la LDH et de la FCPE, pour défendre le droit à manifester et dénoncer l'usage de ces nouvelles armes de maintien de l'ordre.

De son côté, pour la défense du policier, Me Laurent-Franck Lienard entend démontrer que son client "n'a pas tiré" sur le jeune homme dont la famille a porté plainte, a-t-il indiqué à l'AFP.
Selon lui, le jeune de 16 ans n'était pas habillé de la même manière que la personne que le policier a toujours affirmé avoir touché avec son lanceur, le 27 novembre 2007, devant le rectorat de Nantes, lors d'une manifestation de lycéens opposés à la loi Pécresse sur l'autonomie des universités.
La défense du prévenu souligne la présence ce jour-là dans le périmètre d'autres policiers, "mais aussi de gendarmes", également armés de lanceurs et dont certains n'ont pas été entendus dans la procédure.
Me Laurent-Franck Lienard a confié qu'il plaiderait "à titre subsidiaire, que l'emploi de son arme ce jour-là entrait dans le cadre de son emploi normal pour le maintien de l'ordre", et demanderait la relaxe. Le parquet ne s'est pas associé aux poursuites.

Côté partie civile, Me Catherine Glon entend démontrer que le policier accusé est bien le tireur et que la légitime défense ne pouvait se justifier alors que les policiers et les manifestants étaient "de part et d'autre d'une grille".
Dans une affaire similaire, en janvier 2011, le tribunal correctionnel de Versailles avait condamné un policier à six mois de prison pour avoir causé, le 6 juillet 2005 aux Mureaux (Yvelines), la perte d'un oeil d'un jeune squatteur de 14 ans, à la suite d'un tir de Flash-Ball.
Les débats sont prévus sur deux jours.