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dimanche 11 mars 2012

Presse-Océan 7 mars 2012

Justice
Un tir entouré de questions; JUSTICE. Lycéen blessé à l'oeil par une balle en caoutchouc en novembre 2007

07/03/12
Presse Océan

Le policier est-il bien l'auteur du tir incriminé ? Y avait-il légitime défense ? Les avis divergent.

NANTES

Une journée de débats n'a pas suffi à lever tous les doutes. Malgré la ténacité du président du tribunal correctionnel, la diffusion d'une vidéo ou le défilé à la barre de témoins, il reste difficile de savoir ce qui s'est exactement passé le 27 novembre 2007 devant le rectorat de Nantes.

« Je n'ai pas reçu de formation pour tirer sur des cibles en mouvement »

Seule certitude dans un tableau nébuleux : le drame vécu par Pierre Douillard. Le lycéen de 16 ans participait à une manifestation contre la loi sur l'autonomie des universités. Il a été blessé par un tir au visage et a perdu l'usage de son oeil droit.

Devant une salle comble où s'entassent amis et famille de la victime d'un côté et policiers de l'autre, le gardien de la paix poursuivi pour violence volontaire est formel. Pierre Douillard « n'est pas le jeune homme que j'ai visé ! ». Le fonctionnaire dit avoir tiré une seule fois avec son lanceur de balles de défense (LBD40*) sur un autre manifestant, touché à l'arrière de la tête. « J'ai vu des personnes qui jetaient des pierres. J'étais face à une menace. J'ai agi en légitime défense », clame-t-il.

Pierre Douillard, lui, affirme que le policier poursuivi est bien l'auteur du tir qui l'a mutilé. Sa version des faits ? « Je sens un énorme choc. Je me tourne, je ne tombe pas par terre, je ne perds pas connaissance. Il y a quelqu'un armé en ma direction, en ligne droite. J'ai la certitude que c'est lui ».

L'utilisation de ce fameux LBD40, alors en phase d'expérimentation, a aussi été passée au crible par le président. Certaines réponses ont été assez déroutantes. Le prévenu a concédé qu'il n'avait « pas reçu de formation pour tirer sur des cibles en mouvement » et « aucune instruction concernant les tirs sur les mineurs ». Un de ses collègues, qui avait tiré au Flash-Ball lors de cette même manifestation, a reconnu qu'il était « impossible de viser précisément » avec cette arme. Enfin, un doute subsiste sur le nombre réel de balles en caoutchouc utilisées le 27 novembre 2007. Avec cette question en filigrane : y a-t-il eu un troisième tir de Flash-Ball ce jour-là ? Le procès se termine aujourd'hui.
Jérôme Jolivet