mercredi 26 septembre 2012

Montpellier : mensonges policiers et justice expéditive

 http://www.mediaterranee.com/2522012-affaire-du-flash-ball-casti-et-monsieur-p-ont-un-triste-point-commun.html


Qui était Monsieur P. ? Vous savez, ce jeune homme de 25 ans interpellé vendredi soir, suite aux échauffourées générées lors du drame subi par Casti qui a reçu un tir de flash-ball dans l'oeil, juste avant le match MHSC-ASSE ? Monsieur P. est un Ukrainien qui vit à Nice, ça, on le savait déjà... Mais ce que l'on ignorait, jusqu'à ce que son avocate Me Fournier-Grumbach, nous le révèle à l'issue du jugement très défavorable reçu ce lundi en comparution immédiate par Monsieur P. devant le tribunal correctionnel de Montpellier, c'est que ce Niçois est tout sauf une figure du hooliganisme en France !
« Il a 25 ans et s'il est allé trois fois dans un stade de foot, c'est le bout du monde », nous explique, une fois l'audience levée, l'avocate au barreau de Montpellier qui reste sidérée par la sévérité de la peine infligée par le tribunal à son client, au regard des faits qui peuvent lui être tangiblement reprochés.
Car, même les images des caméras de vidéosurveillance visionnées par le tribunal ne sont parvenues à démontrer que Monsieur P. avait jeté ne serait-ce qu'un seul projectile sur les forces de l'ordre... Ce qui n'a pas empêché Monsieur P. d'être interpellé, puis condamné à ce dur registre pénal : 18 mois de prison fermes, dont 12 avec sursis ; un mois ferme de plus pour usurpation d'identité, parce que Monsieur P. n'avait pas daigné donner de suite sa véritable identité ; une mise à l'épreuve et une interdiction de stade pendant deux ans ; une obligation de soins ; et un total de 1600 euros d'indemnités à verser aux agents de la BAC qui lui reprochaient de les avoir blessés et l'avaient, affirment-ils, interpellé pour ce fait...

Monsieur P. est ressorti libre, mais condamné

Fort heureusement pour Monsieur P., cette lourde condamnation n'est pas assortie d'un mandat de dépôt. Ce qui lui a permis de ressortir libre du tribunal dès l'issue de l'audience et lui autorise l'espoir de purger sa condamnation de pareille façon, serait-ce même avec un bracelet électronique, après avoir rencontré le Juge de l'Application des Peines (JAP) qui en décidera selon son bon choix.
Monsieur P. est sorti libre du tribunal correctionnel de Montpellier, mais condamné, alors que « le seul fait clairement établi à sa charge [dans les images de vidéosurveillance, Ndlr] est d'avoir invectivé les forces de police lorsqu'un jeune homme est tombé juste devant lui », explique son avocate, Me Fournier-Grumbach. L'avocate poursuit, ainsi, sa démonstration pour Médiaterranée Languedoc-Roussillon : « Les faits de violence sont nettement moins clairs... Il est condamné pour avoir été vu au milieu de supporters, ce qui s'explique en effet par sa tenue très voyante. Mais le policier qui a reçu le caillou sans être blessé a pu se tromper sur celui qui l'a vraiment lancé. Et le second policier, plus gravement blessé à précisé lors de son audition qu'il n'avait pas vu qui avait jeté le projectile ! Nous sommes pourtant condamné pour les deux ! »
Qui était Monsieur P. ? Pas de document vidéo probant, donc pas de preuve matérielle... Des sources qui indiquent que Monsieur P., résidant niçois, était bien à Montpellier à l'invitation de graffeurs dans la capitale du Languedoc-Roussillon... Trois condamnations à l'actif de son casier judiciaire, dont deux pour graffiti et une pour violences en réunion, peut être - nous ne le savons pas encore - parce qu'il avait eu « maille à partir », selon l'expressoin consacrée, avec un groupe de graffeurs, face à des forces de l'ordre et dans l'exercice de son art urbain, certes strictement interdit dans certaines conditions non-réglementées...

Un étrange sentiment

Reste l'étrange sentiment, pour Me Isabelle Fournier-Grumbach, que son client, qui a nié du début à la fin de son procès les faits qui lui étaient reprochés et n'a visiblement rien du supporter encore, et toujours, fanatiquement énervé, « ne s'est pas trouvé au bon endroit au bon moment ». Et qu'il en fait chèrement les frais, comme le craigait notre témoin des incidents dramatiques survenus vendredi soir...
« Il a été bouleversé par la vision de cet homme ensanglanté et il a invectivé les forces de police, le reste demeure incertain », commente, en conclusion, l'avocate au barreau de Montpellier, tout en notant qu'une peine de « 18 mois de prison dont 6 fermes » n'a rien d'« anodine », dans un tel contexte procédural.
Au-delà de cet aspect, les supporters montpelliérains sont aussi sous le choc de voir ainsi le tableau d'une justice à deux vitesses avec, d'un côté, un Monsieur P. d'ores et déjà condamné, et de l'autre un supporter du club montpelliérain, Casti pour ne pas le nommer, qui a perdu un œil sans que l'auteur de ce tir et ses coéquipiers, n'en soient pour le moins du monde tenus responsables...
C'est le message que les supporters de Montpellier sont allés transmettre, ce matin, à Grammont, auprès des joueurs et du staff du MHSC, que Bouba, le vice-président de la Butte Paillade 91, pouvait remercier, ce soir, sur son compte Facebook, avec ses simples mots : « Merci à l'équipe et au staff qui ont compris notre action pour Casti ».

Un appel à témoins est lancé par « Justice pour Casti »

Bientôt quatre jours après ces dramatiques événements, un vent semble tourner, comme le montre l'intérêt nouveau manifesté par plusieurs médias, alors que jusqu'ici, cette affaire faisait l'objet d'un service minimum dans le champ médiatique. Après avoir suivi de très près ce dossier depuis vendredi soir, Médiaterranée Languedoc-Roussillon y apportera toujours son grain de sel. D'ailleurs, après avoir été le premier média à diffuser l'interview d'un témoin de la scène du Flash-Ball, nous vous relayons également cette information toute fraîche du collectif de solidarité tout juste créé sous le nom de « Justice pour Casti » : « toutes les personnes présentes vendredi soir lors des incidents (...) qui souhaitent témoigner » sont invitées à le faire en adressant un mail de prise de contact à cette adresse : justicepourcasti@hotmail.fr ».
Outre cette information supplémentaire, vous savez aussi, aujourd'hui, qui est Monsieur P. : celui qui « n'était au bon endroit, au bon moment ». Comme Casti, bien malheureusement...