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mercredi 2 juillet 2008

Article de Ouest-France

Ouest-France
Mercredi 25 juin 2008

Lycéen blessé : le point sur l'enquête

Fait divers.
Ses parents dénoncent des violences policières pendant la manif.
Les conclusions de l'enquête ne vont pas dans ce sens.
Décision en juillet.


Pierre, 17 ans, a été gravement blessé à l'œil en novembre dernier lors de la dispersion d'une manifestation étudiante par les forces de l'ordre au rectorat de Nantes. Ses parents avaient saisi la justice, mais aussi la commission nationale de déontologie et de sécurité par l'intermédiaire d'un sénateur. L'affaire avait été fortement médiatisée, les parents avançant que leur fils pouvait avoir été victime d'un tir de flashball illégitime. Dans la foulée, le procureur de Nantes de l'époque a demandé à la police des polices d'enquêter. Soutenus par des enseignants et syndicats, les parents tenaient, hier soir, une conférence de presse, pour déplorer que leurs questions restent sans réponses. « Qu'on nous communique le dossier. »

Les résultats de l'enquête sont tombés voilà deux mois. Quatre jeunes ont été plus ou moins touchés dans l'opération mouvementée de maintien de l'ordre. L'un d'entre eux a perdu une dent, un autre présente un hématome à la hanche, un autre une bosse à la tête. Le dernier, Pierre, a été gravement blessé à un œil. « La rétine ne se restaure pas, indiquent ses parents. Il a quasiment perdu la vision. »

Xavier Ronsin, le procureur fraîchement nommé, se laisse quelques jours pour dire s'il engage des poursuites ou classe l'affaire. De source proche de l'enquête, on sait déjà que les conclusions de l'IGPN iraient dans le sens d'une riposte « proportionnée » des forces de l'ordre ce soir-là. Selon des témoignages, les policiers avaient essuyé quelques jets de projectiles avant de réagir. La famille ne veut pas entendre parler « d'usage d'une force proportionnée et nécessaire » : « Pour nous, c'est non, quand notre fils a été blessé, l'évacuation était terminée. »

Deux tirs ont été établis par l'enquête. Dans les deux cas, les policiers ont déclaré avoir visé le bas du corps conformément au règlement. Un des tirs a visé un jeune homme qui s'apprêtait à jeter un projectile. Pierre assure que ce n'est pas lui : Dans ce cas, l'enquête ne dit pas comment il a été blessé.

Enfin, selon les investigations, les fonctionnaires ont fait usage de leurs armes sur ordre de leur hiérarchie dans un contexte de maintien de l'ordre. « Rien qui ne va dans le sens de violences policières », avance cette source proche de l'enquête.

Si le procureur décidait de classer l'affaire, les parents, déterminés à porter le débat au niveau national, demanderont qu'un juge d'instruction ouvre un nouveau dossier. Ils entendent aussi saisir le tribunal administratif pour obtenir réparation.

Marylise COURAUD et Thomas HENG