Un lycéen blessé par un tir de Flash-Ball attend réparation
Le lycéen blessé il y a sept mois à Nantes par un tir de Flash-Ball lors d’une manifestation contre la loi Pécresse n’a pas recouvré l’usage de son oeil droit et sa famille dénonce “l’opacité” de l’enquête.
Le mardi 27 novembre 2007, la manifestation des opposants à la loi sur l’autonomie des universités était longtemps restée bon enfant : “CRS avec nous, des câlins et des bisous”, ont scandé des participants. Au départ, le cortège comptait 3 500 personnes en centre-ville. Ils étaient encore un millier à avoir investi en fin d’après-midi le parc du rectorat et ses abords quand les policiers ont reçu l’ordre d’évacuer le site. La charge a été menée de façon éclair. Dans la mêlée, un tir de Flash-Ball a blessé à l’oeil Pierre, 17 ans.
Deux opérations chirurgicales plus tard, ce jeune lycéen “a quasiment perdu son oeil”, rapporte son père, Luc Douillard. “Selon les médecins, son acuité visuelle n’est plus que de deux dixièmes et seulement sur les côtés. Le fond de la rétine est abîmé de façon irrémédiable.”
Convaincue qu’il y a eu “recours à la force disproportionné”, la famille a déposé plainte contre X… pour “violences volontaires avec armes”. L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été chargée de l’enquête. “La question est de savoir si la force employée a excédé les limites de ce qui était nécessaire, indiquait fin novembre, Martine Valdes-Boulouque, procureur de la République alors en poste à Nantes. En l’état, rien ne permet d’affirmer qu’il y a eu des violences illégitimes de la part des policiers.”
A la demande de la famille du jeune blessé, le sénateur François Autain, rattaché au Groupe communiste républicain et citoyen, a saisi la Commission nationale de déontologie et de sécurité.
RAPPORT CONFIDENTIEL
La police des polices a rendu son rapport au début du printemps. Il demeure confidentiel. La famille du lycéen dénonce la lenteur de l’enquête. “Nous ne sommes pas dans des délais déraisonnables”, rétorque un représentant du parquet de Nantes, rappelant que le nouveau procureur de la République, Xavier Ronsin, vient à peine de prendre ses fonctions. “Une décision sera prise avant la mi-juillet”, assure-t-on. “Le Flash-Ball, remarque-t-on, est un instrument de dotation légale de la police. Il n’y a pas eu usage disproportionné. Les policiers ont été la cible de jets de pierres.”
“L’utilisation du Flash-Ball, dans ce cadre précis, était illégale, soutient pour sa part Me Franck Boezec, avocat de la famille. La thèse de la légitime défense, énoncée par la police, est complètement dérisoire. Il n’y avait aucune situation de péril. L’évacuation était achevée, les jeunes déjà poussés vers la sortie.” “Le droit de manifester est un droit légitime. On doit pouvoir en jouir sans revenir mutilé”, dénonce M. Douillard. Il prévient : “Si besoin, on ira jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme pour obtenir réparation.”
Yan Gauchard
Le lycéen blessé il y a sept mois à Nantes par un tir de Flash-Ball lors d’une manifestation contre la loi Pécresse n’a pas recouvré l’usage de son oeil droit et sa famille dénonce “l’opacité” de l’enquête.
Le mardi 27 novembre 2007, la manifestation des opposants à la loi sur l’autonomie des universités était longtemps restée bon enfant : “CRS avec nous, des câlins et des bisous”, ont scandé des participants. Au départ, le cortège comptait 3 500 personnes en centre-ville. Ils étaient encore un millier à avoir investi en fin d’après-midi le parc du rectorat et ses abords quand les policiers ont reçu l’ordre d’évacuer le site. La charge a été menée de façon éclair. Dans la mêlée, un tir de Flash-Ball a blessé à l’oeil Pierre, 17 ans.
Deux opérations chirurgicales plus tard, ce jeune lycéen “a quasiment perdu son oeil”, rapporte son père, Luc Douillard. “Selon les médecins, son acuité visuelle n’est plus que de deux dixièmes et seulement sur les côtés. Le fond de la rétine est abîmé de façon irrémédiable.”
Convaincue qu’il y a eu “recours à la force disproportionné”, la famille a déposé plainte contre X… pour “violences volontaires avec armes”. L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été chargée de l’enquête. “La question est de savoir si la force employée a excédé les limites de ce qui était nécessaire, indiquait fin novembre, Martine Valdes-Boulouque, procureur de la République alors en poste à Nantes. En l’état, rien ne permet d’affirmer qu’il y a eu des violences illégitimes de la part des policiers.”
A la demande de la famille du jeune blessé, le sénateur François Autain, rattaché au Groupe communiste républicain et citoyen, a saisi la Commission nationale de déontologie et de sécurité.
RAPPORT CONFIDENTIEL
La police des polices a rendu son rapport au début du printemps. Il demeure confidentiel. La famille du lycéen dénonce la lenteur de l’enquête. “Nous ne sommes pas dans des délais déraisonnables”, rétorque un représentant du parquet de Nantes, rappelant que le nouveau procureur de la République, Xavier Ronsin, vient à peine de prendre ses fonctions. “Une décision sera prise avant la mi-juillet”, assure-t-on. “Le Flash-Ball, remarque-t-on, est un instrument de dotation légale de la police. Il n’y a pas eu usage disproportionné. Les policiers ont été la cible de jets de pierres.”
“L’utilisation du Flash-Ball, dans ce cadre précis, était illégale, soutient pour sa part Me Franck Boezec, avocat de la famille. La thèse de la légitime défense, énoncée par la police, est complètement dérisoire. Il n’y avait aucune situation de péril. L’évacuation était achevée, les jeunes déjà poussés vers la sortie.” “Le droit de manifester est un droit légitime. On doit pouvoir en jouir sans revenir mutilé”, dénonce M. Douillard. Il prévient : “Si besoin, on ira jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme pour obtenir réparation.”
Yan Gauchard