Libération : lundi 30 juin 2008
Un lycéen blessé par un flash-ball réclame toujours justice
De notre correspondant à Nantes NICOLAS DE LA CASINIÈRE,
Les blessures infligées par des policiers tirant avec des flash-balls contre des mineurs manifestant pacifiquement sont-elles couvertes par la hiérarchie, tolérées par la justice ou passibles de poursuites ? C’est ce que demandent les parents de Pierre, lycéen de terminale atteint au visage par un tir de flash-ball le 27 novembre 2007 à Nantes. Malgré deux opérations sous anesthésie, il ne voit quasiment plus de l’œil droit. Ses parents ont porté plainte, l’IGPN, la police des polices, a été saisie, ainsi que la Commission nationale de déontologie et de sécurité (CNDS). Mais le rapport de l’IGPN reste invisible, tant pour les parents que pour la CNDS, ce qui fait ainsi entrave à l’enquête de ces parlementaires et magistrats. Quant au parquet de Nantes, il n’a pas classé l’affaire mais ne répond pas aux demandes de la famille. «La police doit reconnaître sa faute, au lieu de s’enferrer, avec les risques de faux témoignages et de dissimulation de preuves, dit Luc Douillard, père de la victime et prof d’histoire-géo. On souhaite réparation personnelle pour notre fils, mais on veut aussi que soit débattu le surarmement de la police, et qu’on sache si on peut encore manifester sans risquer d’être mutilé.»
Les explications officielles de la préfecture et des policiers ont varié à plusieurs reprises, déniant d’abord les tirs de flash-ball. Si la procureure de la République récuse les «violences illégitimes de la part des policiers», invoquer la légitime défense des policiers ne tient pas à l’épreuve des films réalisés sur place et des nombreux témoignages recueillis par la Ligue des droits de l’homme.
Ce jour-là, en plein mouvement contre la loi Pécresse, et alors que le recteur a interdit les assemblées générales à l’intérieur des établissements, les lycéens manifestent pacifiquement devant le rectorat. La police pourtant charge, bouscule les premiers rangs. La brigade anticriminalité en civil seconde CRS et gardes mobiles. Curieusement, le policier qui, à moins de dix mètres, tire sur le groupe des lycéens, n’a pas de brassard et cache son visage sous une capuche. Son patron, Yves Monard, directeur départemental de la sécurité publique, est sur place. Il reconnaît que ses hommes ont utilisé un flash-ball classique, et un lanceur de balles 40 mm, dont 300 exemplaires sont alors en phase d’expérimentation en France. «Cette arme est-elle homologuée ? La procédure d’utilisation a-t-elle été respectée?», demandent les parents de Pierre. Soutenus par l’ensemble des syndicats, et des associations des droits de l’homme, ils craignent «des blessés graves dans les manifestations à venir» si des règles claires ne sont pas données à la police.
Le même jour que Pierre, un autre lycéen, Baptiste, a été touché à la bouche par une des balles en caoutchouc. Comme les parents de Pierre, ceux de Baptiste, qui s’en sortira avec une dent cassée l’obligeant à poser une prothèse, n’ont aucune nouvelle de leur plainte. Et le lendemain, devant un lycée privé nantais, lors d’un sit-in très paisible, un policier a usé du même flash-ball. Heureusement, il n’y aura ce jour-là pas de blessé.
Un lycéen blessé par un flash-ball réclame toujours justice
De notre correspondant à Nantes NICOLAS DE LA CASINIÈRE,
Les blessures infligées par des policiers tirant avec des flash-balls contre des mineurs manifestant pacifiquement sont-elles couvertes par la hiérarchie, tolérées par la justice ou passibles de poursuites ? C’est ce que demandent les parents de Pierre, lycéen de terminale atteint au visage par un tir de flash-ball le 27 novembre 2007 à Nantes. Malgré deux opérations sous anesthésie, il ne voit quasiment plus de l’œil droit. Ses parents ont porté plainte, l’IGPN, la police des polices, a été saisie, ainsi que la Commission nationale de déontologie et de sécurité (CNDS). Mais le rapport de l’IGPN reste invisible, tant pour les parents que pour la CNDS, ce qui fait ainsi entrave à l’enquête de ces parlementaires et magistrats. Quant au parquet de Nantes, il n’a pas classé l’affaire mais ne répond pas aux demandes de la famille. «La police doit reconnaître sa faute, au lieu de s’enferrer, avec les risques de faux témoignages et de dissimulation de preuves, dit Luc Douillard, père de la victime et prof d’histoire-géo. On souhaite réparation personnelle pour notre fils, mais on veut aussi que soit débattu le surarmement de la police, et qu’on sache si on peut encore manifester sans risquer d’être mutilé.»
Les explications officielles de la préfecture et des policiers ont varié à plusieurs reprises, déniant d’abord les tirs de flash-ball. Si la procureure de la République récuse les «violences illégitimes de la part des policiers», invoquer la légitime défense des policiers ne tient pas à l’épreuve des films réalisés sur place et des nombreux témoignages recueillis par la Ligue des droits de l’homme.
Ce jour-là, en plein mouvement contre la loi Pécresse, et alors que le recteur a interdit les assemblées générales à l’intérieur des établissements, les lycéens manifestent pacifiquement devant le rectorat. La police pourtant charge, bouscule les premiers rangs. La brigade anticriminalité en civil seconde CRS et gardes mobiles. Curieusement, le policier qui, à moins de dix mètres, tire sur le groupe des lycéens, n’a pas de brassard et cache son visage sous une capuche. Son patron, Yves Monard, directeur départemental de la sécurité publique, est sur place. Il reconnaît que ses hommes ont utilisé un flash-ball classique, et un lanceur de balles 40 mm, dont 300 exemplaires sont alors en phase d’expérimentation en France. «Cette arme est-elle homologuée ? La procédure d’utilisation a-t-elle été respectée?», demandent les parents de Pierre. Soutenus par l’ensemble des syndicats, et des associations des droits de l’homme, ils craignent «des blessés graves dans les manifestations à venir» si des règles claires ne sont pas données à la police.
Le même jour que Pierre, un autre lycéen, Baptiste, a été touché à la bouche par une des balles en caoutchouc. Comme les parents de Pierre, ceux de Baptiste, qui s’en sortira avec une dent cassée l’obligeant à poser une prothèse, n’ont aucune nouvelle de leur plainte. Et le lendemain, devant un lycée privé nantais, lors d’un sit-in très paisible, un policier a usé du même flash-ball. Heureusement, il n’y aura ce jour-là pas de blessé.