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dimanche 13 décembre 2009

A propos du CLEJ "Collectif Liberté Egalité Justice"

Quotidien Libération 13 novembre
Répression, intimidation: le gouvernement mis sous surveillance

Une vingtaine d'organisations associatives, syndicales et politiques se donnent pour mission de recenser les tentatives gouvernementales visant à décourager l'engagement militant et l'expression critique.

JUSTINE LAFON

«Dénoncer la répression de la contestation», tel est le credo du Clej – Collectif Liberté Egalité Justice –, une organisation créée en 2007 et qui rassemble une vingtaine d'associations, syndicats et partis politiques d'opposition.
Le collectif a lancé, en juillet 2009, un appel de mobilisation contre les dérives policières suite à un tir de flashball ayant entraîné la perte de l'œil d'un homme alors qu'il manifestait contre l'expulsion d'un squat à Montreuil. L'appel a été signé par 73 organisations très diverses, de Act up Paris à Témoignage Chrétien en passant par Les Verts.

Fort de ce «succès», le collectif s'engage aujourd'hui à «recenser et analyser de façon régulière toutes les formes d'intimidation à l'expression militante et à la contestation sociale», explique lors d'un point presse Matthieu Bonduelle, secrétaire général du Clej et juge d'instruction au Tribunal de grande instance de Bobigny. L'objectif est de «donner une meilleure visibilité à des cas typiques de répression», poursuit-il.
«Nous allons recenser ces atteintes et publier de manière régulière un document sur internet afin de contrer les arguments qui disent c'est de la paranoïa, et de permettre au grand public de se faire une idée», a précisé Matthieu Bonduelle.

«Une mission de veille active»

Si le collectif souhaite contrer la tendance actuelle de ce qu'ils qualifient de «régression sécuritaire»c'est parce que ses membres affirment en être régulièrement les témoins, tant dans leur pratique professionnelle que militante.
Parmi ces pratiques répressives, le Clej dénonce de nombreuses procédures pour outrage injustifiées, une inflation des poursuites pour refus de prélèvement d'ADN, des dérives policières et des pressions hiérarchiques dans les fonctions publiques qui se multiplient. «L'année 2009 est particulièrement riche à ce niveau là», estiment les membres du collectif.
Seuls chiffres pour preuve : en France, sept personnes ont perdu un œil suite à un tir de flashball depuis 2005, dont cinq en 2009.
L'exemple récent du député UMP Eric Raoult qui a appelé à un «devoir de réserve» pour les lauréats du prix Goncourt est, par ailleurs, symptomatique de la tendance «inquiétante» des «délits d'expression», selon Dominique Noguères, vice-présidente de la Ligue des Droits de l'Homme.
Il ne s'agit plus seulement de «pénalisation des mouvements sociaux», aujourd'hui «le pouvoir politique tente de décourager les initiatives citoyennes». «Nous sommes dans une dynamique où l'on s'en prend à ceux qui dénoncent l'entrave à la justice sociale», déplore Matthieu Bonduelle.

«Il est temps de faire un bilan»

Par ailleurs, le collectif regrette qu'aucun bilan n'ait été fait sur les réformes du gouvernement qui vont dans le sens d'une plus forte répression.
Face à la «production frénétique de textes, on demande depuis longtemps des moratoires afin de faire un point sur leur efficacité», indique Céline Curt du Syndicat des Avocats de France.
Pour le secrétaire général du collectif, «les affaires pénales sont gérées, en gros, par Nicolas Sarkozy et son entourage depuis 2002, il est temps de faire un bilan».