Incident avec la police au lycée Jean-Jaurès à Montreuil
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Un lycéen de 16 ans du lycée Condorcet de Montreuil a été blessé à la joue par un tir de flashball d'un policier. Les affrontements se sont déroulés près du lycée Jean-Jaurès à Montreuil (93), lors d'une manifestation contre la réforme des retraites. Selon la préfecture, le lycéen a été « légèrement blessé au visage par un tir de flashball intervenu suite aux jets de projectiles contre les forces de l'ordre ».
Selon nos informations, il souffre de fractures de la pommette, du nez et de l'orbite oculaire avec un décollement de la rétine. Initialement évacué à l'hôpital André-Grégoire de Montreuil, il a été transféré dans un hôpital parisien où il sera opéré vendredi matin. [Rue89]
Alerté sur ce qui se passait, l'écrivain Yves Pagès s'est rendu à proximité du squat. Il explique que, de là, un détachement de CRS est parti vers le lycée Jean-Jaurès. «Je les ai suivis en scooter», dit-il.
«Et là, devant le lycée, poursuit-il, j'ai vu des policiers surarmés, en tenue de robocop, un déploiement de force complètement disproportionné par rapport à la situation. Je suis parent d'élève de ce lycée, j'ai interpellé un des policiers. Il m'a mis sous le nez son flashball et m'a dit: “Ces morveux n'ont qu'à rester chez leurs parents, connard.” Un autre, qui était muni d'une gazeuse, m'a dit qu'il fallait bien qu'il se défende. Il y a eu des tirs de lacrymogènes et de flashballs. J'ai vu le blessé dans le camion de pompier. Il y a eu aussi un gamin qui a été arrêté et menotté devant ses camarades. Des jeunes filles ont pris leur premier coup de tonfa. Qu'on lâche, comme ça, des CRS sur des gamins, grévistes, en plus, c'est inadmissible.» Et il dénonce l'«hyperbanalisation» de l'usage du flashball dans les banlieues, «là où les flics ont un sentiment d'impunité. Jamais des policiers n'interviendraient comme ça en plein Paris!» [Médiapart]
Dans l'après-midi, les violences trouvent un écho jusqu'au Sénat où Dominique Voynet (Verts), la maire de la ville, prend à partie Éric Woerth: «J'ai bien compris que vous cherchiez à faire porter à la gauche la responsabilité de troubles que votre aveuglement et votre surdité seuls expliquent (...), que vous êtes en difficulté face à la rue. Mais je vous pose la question: le pouvoir est-il à ce point fébrile qu'il en soit réduit à ce genre de provocation? Que vaut donc un pouvoir politique quand il en est réduit à tirer sur ses enfants?» Ce à quoi le ministre du travail répond, cinglant: «Je salue le sang-froid et le professionnalisme des forces de l'ordre en France», s'en prenant à «tous ceux qui attisent, qui poussent les jeunes à descendre dans la rue».
Lors d'une conférence de presse, Dominique Voynet précise que le lycéen touché par le flashball a «trois fractures au visage», qu'il «va être opéré demain (vendredi)» et qu'il «risque de perdre un œil».
[Médiapart]