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mardi 31 janvier 2012

Halil Kiraz éborgné le 17 avril 2009

Le Parisien - Actualité - Oise

Eborgné par un flash-ball de la police, il réclame justice

MEHDI PFEIFFER | Publié le 28.01.2012, 12h10

compiègne, hier. Halil Kiraz, qui a perdu son œil droit après avoir reçu un tir de flash-ball en plein visage le 17 avril 2009, et son avocat, Me Crépin, souhaitent que l’enquête de l’IGPN avance enfin. 

En moins de trois ans, Halil Kiraz a déjà subi douze opérations très lourdes. La treizième est programmée le mois prochain. Le jeune homme de 32 ans, père de trois enfants et habitant le quartier du Clos-des-Roses, à Compiègne, a perdu l’usage de son œil droit le 17 avril 2009, lorsqu’un fonctionnaire de police lui a tiré dessus au flash-ball en plein visage.

Il souhaite aujourd’hui que les investigations de l’IGPN, la police des polices, avancent enfin.

Au moment des faits, Halil Kiraz réglait ses comptes sur un parking du Clos-des-Roses avec la mère de deux de ses enfants. Pris de colère, il s’était saisi d’une barre de fer et commençait à dégrader la voiture utilisée par sa compagne. A l’arrivée de la police, il aurait poursuivi ses dégradations et reçu un tir de flash-ball. « J’ai entendu le policier crier flash-ball et immédiatement après, j’ai reçu la balle en plein visage et je me suis effondré avant de tomber dans le coma. Je n’étais pourtant pas menaçant envers la police », affirme-t-il.

Le jeune Compiégnois souhaite être dédommagé et que l’auteur du tir soit jugé. « La perte de mon œil m’a coûté mon emploi. Aujourd’hui, mes propres enfants ont peur de moi à cause de cet œil et mon fils de 9 ans est suivi par un psychologue. Toutes les semaines, j’ai des rendez-vous à l’hôpital d’Amiens, car les médecins n’arrivent pas à me mettre la moindre prothèse. Je n’ai plus de nerfs, ni de sensibilité et je ne peux même pas porter un œil de verre », confie Halil Kiraz. Pour conforter ses propos, ce dernier n’hésite pas à retirer son énorme pansement, et dévoile la paupière suintante et toujours gonflée qui recouvre sa cavité oculaire.

Le père de famille avait déposé une première plainte immédiatement après les faits, mais elle avait été classée sans suite par le ministère public. Il a renouvelé cette plainte, par l’intermédiaire de Me Jérôme Crépin, son avocat. L’IGPN a donc été à nouveau saisie par le juge d’instruction. « Il s’agit d’une plainte pour violences volontaires commises avec arme et ayant entraîné une infirmité permanente. Mon client dégrade un bien matériel, la police arrive et lui tire en plein visage. La réponse a été disproportionnée », estime l’avocat. Me Crépin souhaite une reconstitution, une expertise balistique et un examen médical de son client, afin d’évaluer notamment l’angle de tir potentiel au moment des faits.

« Je souhaite aussi qu’on se penche sur les conditions d’utilisation du flash-ball. Car la légitime défense ne tient pas dans ce dossier. Les policiers ne se sentaient pas menacés. La preuve, ils n’avaient même pas pris la peine de sortir leurs tonfas. Mais l’un d’entre eux a quand même décidé de tirer au flash-ball, à 4,50 m de mon client et en plein visage », martèle le défenseur d’Halil Kiraz. D’après une directive de la direction centrale de la sécurité publique (DCSP), « les visées au niveau du visage et de la tête sont formellement proscrites » et l’usage du flash-ball est limité « au seul cadre de la légitime défense de soi-même ou d’autrui », à des actions « proportionnées » aux faits, sans oublier le « respect de la distance minimale de tir ».