libellés

samedi 15 octobre 2011

Un tir de flashball jugé aux Assises

 [Le 7 octobre 2011], Au deuxième jour du procès d’un plombier-chauffagiste de 32 ans, accusé d’avoir tiré au Flash ball sur un rival, occasionnant à la victime des blessures irréversibles à un œil, l’avocat général, Gilles Fonrouge, vient de livrer son réquisitoire. Il demande à la cour de condamner Romaric à 5 ans de prison (2 ans ferme et 3 ans avec sursis mise à l’épreuve).

Juste avant le réquisitoire du parquet, Maitre Anne-Sophie Arbellot de Rouffignac, l’avocate de Samuel (la victime devenue quasi aveugle d’un œil depuis les faits qui se sont produits en mars 2008), a présenté sa plaidoirie : pour elle, il faut se féliciter que cette affaire soit traitée devant la cour d’Assises et non devant le tribunal correctionnel : « Pour la victime, il était important qu’il y ait la reconnaissance que les faits sont criminels et non délictuels. Important qu’elle soit reconnue comme victime d’un crime ».

Place maintenant à la plaidoirie de l’avocat de l’accusé, Maitre Rachid Rahmani. Dans la foulée, les juges et les neufs jurés se retireront au moins deux heures pour délibérer. Le verdict est attendu dans la soirée.

voir : http://www.charentelibre.fr/2011/10/07/tribunal-su,1058607.php
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Finalement, le tireur n'a pas pris de prison ferme

Région
Charente libre 8 octobre 2011

Il avait tiré dans l'oeil d'un rival: trois ans avec sursis
Le plombier chauffagiste angoumoisin qui a comparu aux assises n'a pas pris de prison ferme. Hier soir, il a quitté le tribunal libre.

A l'énoncé du verdict hier soir, le plombier chauffagiste angoumoisin n'a pas eu l'ombre d'une réaction. Dans la salle, sa mère, son père, son frère, son ex-petite amie et celle qui partage aujourd'hui sa vie sont restés prostrés.
Pourtant, Romaric, 32 ans, l'a échappé belle. Lui qui risquait de quitter la salle d'audience menottes aux poignets et contre lequel l'avocat général avait requis cinq ans de prison, dont deux ferme, ne mettra pas les pieds à la maison d'arrêt d'Angoulême. Du moins s'il respecte les injonctions du tribunal - de soin notamment - et s'il ne commet pas de nouveau forfait dans les trente-six prochains mois. La cour d'assises de la Charente l'a condamné à trois ans de prison avec sursis mise à l'épreuve de trois ans.

Cette décision, cependant, ne le dédouane pas de ses responsabilités. Dans le secret de la salle des délibérations, les jurés appelés à livrer leur intime conviction ont répondu «oui» aux questions qui leur étaient posées. «Oui», Romaric est coupable de «violences aggravées ayant entraîné une mutilation permanente». Il est bien responsable si, aujourd'hui, Samuel, 29 ans, a quasiment perdu l'usage d'un oeil.
Un matin de mars 2008, il s'était rendu chez son rival, rue de Clérac-à-Sillac à Angoulême. Armé d'une clé à griffe dans une main et d'un Flash-Ball dans l'autre, il voulait, selon ses dires, «intimider» un adversaire qui lui cherchait querelle. Dans la confusion, un coup de feu est parti. La bille a terminé sa course dans l'oeil de Samuel. Les blessures sont gravissimes et irréversibles.

«Réaction injustifiée et disproportionnée»

L'affaire aurait pu être étudiée devant le tribunal correctionnel. La victime a insisté pour que son dossier soit jugé aux assises. «J'ai voulu qu'on consacre du temps à mon histoire parce que mes blessures sont physiques et psychologiques», a justifié Samuel hier. «C'était une nécessité pour lui afin que les actes soient qualifiés de criminels», a plaidé son avocate, Me Anne-Sophie Arbellot de Rouffignac.
La gravité des faits, la gravité des blessures, Romaric d'ailleurs ne les a jamais contestées. «Ma réaction a été injustifiée et disproportionnée. Tout ça ne méritait pas ça.» Comment en est-il arrivé là? L'avocat général, Gilles Fonrouge, a décrit le parcours d'un «homme abîmé qui a toujours pensé de lui-même: "Je ne suis pas à la hauteur, je suis un minable"». Le jour du drame, en se rendant chez celui qui à ses yeux le menaçait, lui mais aussi sa compagne et leurs enfants, il a voulu démontrer, dixit le parquet, qu'il était «un homme, un vrai, un shérif». «C'est une personnalité en construction qui est dangereuse parce qu'elle ne parvient pas à se maîtriser».

L'avocat de Romaric, Me Rachid Rahmani, a dressé un portrait plus flatteur de l'accusé. Il a parlé d'un homme «à l'abandon, timide, fragile, sensible, travailleur, bon père de famille». Un homme qui, d'après lui, n'a pas commis l'irréparable par jalousie comme l'a affirmé l'enquête. Selon la procédure en effet, une rivalité amoureuse était à l'origine de la mésentente entre Romaric et Samuel. Ce qui s'est passé ce matin-là est la réaction inconsidérée d'un trentenaire «harcelé» qui, «la trouille au ventre», a voulu mettre un terme à un conflit devenu trop lourd. Une peur panique amplifiée, de toute évidence, par la drogue: il était alors accro à l'héroïne et fumait beaucoup de cannabis. Mais dans son for intérieur, «il est plutôt mouton que loup», a conclu Me Rahmani. Visage fermé face à la victime, Romaric s'est plusieurs fois excusé de ce qu'il avait fait. Samuel, son rival, celui qui dans l'histoire a perdu presque totalement l'usage d'un oeil, a écouté. Mais il n'a pas pardonné.