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Fillette blessée en 2011 à Corbeil-Essonnes :
il s'agirait d'un tir policier
Des policiers stationnent dans la cité des Tarterêts (Corbeil-Essonnes), le 6 juin 2011, au lendemain des échauffourrées durant lesquelles une fillette a été blessée.
(JOEL SAGET / AFP)
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JUSTICE – C'est une information qui laisse peu de place au doute. La fillette de 9 ans, grièvement blessée l'an dernier lors d'échauffourées dans la cité des Tarterêts à Corbeil-Essonnes, aurait bien été touchée par un tir des policiers. France Inter révèle jeudi 27 septembre les conclusions d'un rapport d'expertise accablant.
Que s'est-il passé ?Le 5 juin 2011 au soir, Daranca se trouve avec sa mère et trois autres enfants dans un parc situé à proximité de leur immeuble. Vers 19h50, deux véhicules brûlent et les pompiers interviennent. Des policiers les accompagnent pour les protéger. Ils sont aussitôt pris à partie par une trentaine d'assaillants qui leur lancent des pierres et des bouteilles. Les policiers répliquent par des tirs de lanceurs de balles de caoutchouc et de grenades lacrymogènes. La mère et les quatre enfants cherchent alors à rejoindre au plus vite leur appartement. C'est à ce moment-là que la fillette s'effondre, touchée en pleine tête.
Le calme revenu, les policiers voient venir vers eux un homme, une fillette inconsciente dans les bras, et relèvent une trace de sang au sol, non loin de là. L’homme leur explique qu’elle a été atteinte par un tir de lanceur de balles de caoutchouc, sans préciser qui en est l’auteur. Daranca est transportée inconsciente à l'hôpital Necker, à Paris, où elle est placée en coma artificiel.
Qui dit quoi ?Les parents de la victime affirment immédiatement qu'elle a été blessée par "une balle de flashball". Les habitants du quartier les soutiennent. "La réponse première des habitants, c’est de dire que c’est la police", affirme sous couvert de l’anonymat un responsable de la mairie de Corbeil-Essonnes, cité par Libération. La police dément dans les colonnes du journal : "En l'état actuel des informations, aucun lien ne peut être établi entre les blessures de la fillette et un tir policier", assure la Direction générale de la police nationale (DGPN).
Les policiers affirment qu'ils ont demandé aux familles présentes dimanche soir de "rentrer les enfants", avant que la fillette ne soit blessée, ajoute Le Monde. En outre, "les forces de l'ordre étaient positionnées à quarante mètres des assaillants. Une distance qui, selon des informations techniques fournies par la police, ne permet pas de causer une plaie ouverte par un tir de balle en caoutchouc ou de grenade lacrymogène", explique le quotidien du soir. C'est parole contre parole, comme le confirme ce reportage de France 2.
Que conclut l'expertise judiciaire ?Pour faire la lumière sur ce drame, le parquet d'Evry saisit l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices et la sûreté départementale de l'Essonne. Une expertise judiciaire est commandée. Remise le 11 juillet dernier, elle est catégorique. La blessure de Daranca, une plaie circulaire à la tempe, est incompatible avec un parpaing ou une bouteille. En revanche, la lésion est compatible avec un projectile de calibre 40 : une munition utilisée pour les lanceurs de balles de défense appelés à remplacer les anciens flashball, explique France Inter, qui a eu accès au rapport.
Des conclusions confortées par un témoignage. Selon une source policière citée à l'époque des faits par Le Nouvel Observateur, aucun policier n'était équipé de flashball lors de l'intervention aux Tarterêts. Selon le site de l’hebdomadaire, ils disposaient en revanche de deux lanceurs de balles de défense de type 40/46 (proche du flashball, mais avec une portée plus importante) ainsi que de lanceurs Cougar, servant notamment à envoyer des projectiles anti-personnels tels que des gaz lacrymogènes.
Il sera cependant difficile d'identifier le tireur, relève France Inter. Daranca, elle, a toujours le bras gauche paralysé et n'a pas retrouvé toutes ses facultés intellectuelles.