libellés

mercredi 22 juillet 2009

Le flash-ball dans le viseur (quotidien Libération)

Société 15/07/2009 à 06h51

Le flash-ball dans le viseur

Par KARL LASKE

Un policier d'une armé d'un flash-ball, en septembre 2008 à Toulouse

Un policier d'une armé d'un flash-ball, en septembre 2008 à Toulouse (© AFP Remy Gabalda)

Mise en accusation pour avoir grièvement blessé un jeune réalisateur qui manifestait le 8 juillet contre l’expulsion d’un squat, la police maintient la pression à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Lundi, une manifestation contre les violences policières, qui a réuni quatre à cinq cent personnes dans la ville, a été violemment dispersée. «La police a cherché à disperser la manifestation alors que celle-ci se déroulait dans le calme», a déclaré hier Dominique Voynet, maire (Verts) de Montreuil. Plus tôt, l’élue avait indiqué qu’elle envisageait de «saisir la Commission nationale de déontologie de la sécurité». Douze personnes ont été placées en garde à vue, puis libérées. Dont un journaliste stagiaire du Monde.

«Impunité». L’inspection générale des services (IGS) a été saisie des tirs au flash-ball par la police à Montreuil sur cinq manifestants, le 8 juillet. Joachim Gatti, 34 ans, réalisateur, petit-fils du dramaturge Armand Gatti, y a perdu un œil. «Je constate que le travail de restauration d’une police républicaine n’est pas encore achevé à Montreuil», avait commenté Dominique Voynet, dimanche.

«Je demande que le parquet ouvre une information judiciaire sans attendre, déclare Me Irène Terrel, l’avocate de Joachim Gatti. Et que les témoins soient rapidement entendus. Ce sont des faits très graves.» S’inquiétant du «danger de manifester», elle souligne «l’impunité judiciaire dont les policiers bénéficient dans ce type d’affaires». C’était le cas pour l’écrivain Jean-Pierre Bastide, 68 ans, tabassé à Montreuil alors qu’il s’opposait à une expulsion en 2005. «Les policiers qui avaient été formellement reconnus ont bénéficié récemment d’un non-lieu», rapporte l’avocate. L’enquête sur le tir de flash-ball subit par un lycéen de Nantes, qui a perdu un œil lors d’une manifestation en 2007, est toujours en cours… «A l’époque, la préfecture avait nié la gravité de la blessure, souligne la famille de Pierre. Et la police s’était dérobée devant ses responsabilités.»

Directive. En mai, devant la recrudescence des tirs par flash-ball (lire page 4), la Direction centrale de la sécurité publique (DCSP) a adressé une note de service à ses directeurs départementaux pour rappeler les «règles impératives» d’utilisation de l’arme. «Les visées au niveau du visage et de la tête sont formellement proscrites» signalait cette directive révélée par le Parisien. Limitant son usage «au seul cadre de la légitime défense de soi-même ou d’autrui», à des actions «proportionnées» aux faits, sans oublier le«respect de la distance minimale de tir». Règles ignorées à Montreuil le 8 juillet.