Libération - Editorial du 15/07/2009
Létal
Par FRANÇOIS SERGENT
En un barbarisme odieux, son fabricant parle d’arme à «létalité atténuée». Et souligne que ce produit est utilisé par les polices de plusieurs pays dont la France. La semaine dernière, cette arme «contre l’insécurité» (re-sic) a détruit l’œil d’un jeune homme qui selon plusieurs témoignages manifestait pacifiquement. D’autres manifestants ont été blessés par «flash-ball», la police préfère l’euphémisme «lanceur de balles de défense», utilisé sans discernement. Joachim Gatti est au moins la septième personne à perdre la vue en raison de cet équipement. Ce qui pose, comme pour le Taser, la question de la présence de cette arme dans l’arsenal des policiers et de son usage. Selon Dominique Voynet, sénatrice et maire de Montreuil, un haut gradé de la «sécurité» de Seine-Saint-Denis lui a expliqué qu’«en Iran la police tirait sur les manifestants». Comparaison insensée mais qui en dit long sur une police qui devrait être républicaine et citoyenne. Il faut tout d’abord que la justice, aidée de l’Inspection générale des services (la police des polices), fasse toute la lumière sur l’accident de Montreuil. L’usage du flash-ball comme du Taser doit être mieux réglementé, les policiers équipés d’armes aussi dangereuses doivent être mieux formés. La Commission nationale de la déontologie et de la sécurité a plusieurs fois dénoncé l’usage inapproprié des flash-balls lors de manifestations et contre des foules. Comme les autres services de l’Etat, la police doit être transparente et comptable de ses actions si elle veut maintenir un lien avec les citoyens qu’elle est censée protéger.
