libellés

samedi 23 mars 2013

22 mars 2013 : lettre à Mme Taubira, Garde des Sceaux

Communiqué de presse

Ce vendredi matin 22 mars 2013, s'ouvrira à Rennes l'Appel du jugement qui a relaxé l'année dernière, à Nantes, le policier auteur d'un tir de flash-ball à l'oeil d'un lycéen le 27 novembre 2007.
À cette occasion, les parents de Pierre, à l'époque lycéen mineur, en tant que parties civiles, ont adressé ces jours-ci à Madame Taubira, garde des sceaux, une "demande d'enquête sur plusieurs anomalies judiciaires survenues à Nantes", suivie d'une pétition sur cette affaire importante, co-signée par Stéphane Hessel.
C'est cette lettre que nous rendons publique aujourd'hui, en souhaitant que la presse se fasse l'écho de cette audience en appel, alors que parallèlement la justice administrative est saisie pour faute de l'État.
En vous souhaitant bonne lecture et avec nos meilleures salutations,
Luc Douillard et Emmanuelle Lefevre, à Nantes, le 18 mars 2013

Presse-Océan 20 mars 2013
…...............................................................................................................................................
Madame Taubira, Garde des sceaux
Ministère de la Justice,
13, place Vendôme
75042 Paris Cedex 01
Nantes, le 8 mars 2013,

OBJET :
Demande d'enquête sur plusieurs anomalies judiciaires survenues à Nantes.
Affaire en cours : Douillard-Lefevre / Leglise,
Cour d'Appel de Rennes n°12/01216, appel du jugement en date du 03/04/2012 TGI de Nantes, n° minute 941/12 CB, n° parquet 08000011765, plaidé les 6 et 7 mars 2012,
délibéré le 3 avril 2012.

Madame la Garde des sceaux,

Une année s'est passée depuis que le policier qui a mutilé notre fils a été relaxé par le TGI de Nantes, ce que nous avons vécu comme un déni de justice.
Pierre a perdu définitivement l'usage de son oeil droit.
Certes, nous ne demandons pas que les victimes puissent faire appel des décisions pénales, car la justice n'est pas la vengeance personnelle, mais nous tenons à vous alerter sur plusieurs anomalies survenues pendant l'instruction et durant un procès qui s'est tenu d'ailleurs dans un climat de tension et d'intimidation des magistrats et de la presse locale, instauré par des policiers en
grand nombre lors de l'audience.
En faisant appel à votre examen, nous voulons d'abord défendre l'intérêt général, faire en sorte que cette décision judiciaire ne donne pas le sentiment d'une impunité de la police en matière de répression politique, comme le dénoncent Amnesty International, la Ligue des droits de l'homme et les organisations syndicales.
Notre enfant Pierre alors âgé de moins de 17 ans avait été touché par une balle de «flash-ball » (de type LBD, Lanceur de balles de défense) visée volontairement au visage par la police lors d'une manifestation pacifique de lycéens et d'étudiants contre la réforme des Universités, voici déjà cinq ans le 27 novembre 2007 devant le rectorat de Nantes.
Par rapport au flash-ball ordinaire, le LBD, qui venait d'être mis en « expérimentation » par l'administration de messieurs Guéant et Sarkozy, a pour particularité d'être doté d'une visée électronique à laser qui donne la garantie technique de ne pas manquer sa cible à un tireur qui viserait volontairement une partie précise du corps, par exemple les jambes, le thorax ou la tête.

Nous vous demandons d'ouvrir une enquête sur les faits suivants :

1 - Lorsque l'instruction puis une audience ont étudié les faits de violence volontaire du policier tireur, l'expert balistique auprès du tribunal n'a pas réellement produit d'expertise scientifique de son arme et de sa dangerosité corporelle (c'est notre famille qui a dû rechercher les informations par ses propres moyens), mais il est sorti de son rôle, qui doit être neutre, en échafaudant un scénario fictif calqué sur un scénario pré-établi, visant à incriminer la victime de faits imaginaires de violences (jets de pierres), et donc à justifier le policier tireur et sa hiérarchie.

2 - Malgré les demandes d'actes de notre partie civile, les vidéos des faits, réalisées par la police et la gendarmerie, n'ont jamais pu être retrouvées, sinon par fragments inutilisables, d'ailleurs analysés très tardivement, en raison d'excuses dilatoires telles que pannes de caméras et négligences, ce qui laisse craindre une soustraction, altération ou dissimulation volontaires de preuve pouvant servir à la Justice.

3 - Malgré les demandes d'actes, acceptées par le juge d'instruction, les appareils enregistreurs de ces vidéos et bandes audios n'ont pas pu être retrouvés aux fins de vérifier s'ils étaient effectivement tombés en panne, ce qui laisse craindre là aussi une soustraction, altération ou dissimulation volontaires de preuve pouvant servir à la Justice.

4 - Les allégations précises du policier, selon lesquelles auraient été lancés de « gros pavés » ou des pavés de format « 5x5x5 cm » n'ont pas pu être examinées et démenties, malgré notre proposition de prouver qu'il était impossible de trouver ce type de matériau sur le site.

5 - Malgré les demandes précises de la partie civile, elles aussi acceptées par le juge d'instruction, il n'a jamais été possible de disposer d'une comptabilité professionnelle entrées-sorties des munitions de l'armurerie de l'Hôtel de police de Nantes, et de leur emploi, dotations et affectations, ce qui laisse craindre toutes les dérives de trafics non traçables ou d'emplois extra-réglementaires de ces munitions, et qui fait craindre là encore, une soustraction, altération ou dissimulation volontaires de preuve pouvant servir à la Justice, notamment à
propos des agissements du policier tireur dans d'autres affaires précédentes mal élucidées, et alors que sa personnalité et ses motivations n'ont pas été examinées.

6 - Lors de l'audience, le 6 et 7 mars 2012, le président du tribunal s'est publiquement étonné que l'arme placée sous scellée soit absente du tribunal, contre tout usage, ainsi que les balles également placées sous scellés (balles dont la caractéristique technique n'a donc jamais pu être connue ni discutée à l'audience). Où donc est passée cette arme ?

7 - L'instruction puis le jugement n'ont pas abordé un aspect important du préjudice de notre enfant : la non assistance à personne en danger et la mise en danger d'autrui, repérables à travers l'insensibilité du policier et de ses collègues qui n'ont pas fait les gestes techniques de sauvegarde et de premiers soins qu'on doit faire, ceci même dans le cas d'un délinquant qui serait blessé, et ont même obstrué le passage de l'ambulance de secours, selon un témoin.
D'autre part, cette non assistance et mise en danger est repérable en amont comme une faute de l'État français, par les graves souffrances sanitaires endurées par notre fils lors de soins ophtalmologiques erratiques en raison de la nouveauté inédite de cette lésion de l'oeil quasiment inconnue en France, cela alors que l'institution policière détenait une documentation technique sur ce type d'arme cinétique introduite en France pour le maintien de l'ordre, « en expérimentation » (sur des enfants !). C'est une documentation qu'il aurait été indispensable de mettre immédiatement à la disposition de la médecine. Et par ailleurs elle aurait dû inspirer une doctrine d'emploi très restrictive, conforme aux lois républicaines sur la proportionnalité des actes policiers (voir notamment : Jean-Jacques Dorrzapf, Les armes à létalité réduite, diaporama non daté, Centre technique et scientifique de l'Intérieur-CTSI, document trouvé sur le site internet des urgentistes militaires).
Et pourtant, c'était l'occasion pour la justice française de nourrir la jurisprudence telle que définie par les instances nationales et européennes (notamment la Cour européenne des droits de l'homme). À ce sujet, nous affirmons que notre enfant a été victime d'actes définissables comme traitements dégradants, inhumains, ou barbares, portant atteinte à la dignité, et qui ont méconnu sa vulnérabilité en tant qu'enfant placé de fait sous l'autorité d'un dispositif policier, lequel aurait dû oeuvrer « avec humanité et avec le respect inhérent à la personne humaine» selon les conventions internationales.
D'ailleurs, un collègue policier du tireur, armé d'un flash-ball, avait, lui, immédiatement choisi le geste technique de s'agenouiller, lui donnant la garantie de ne blesser gravement personne, car il avait compris avoir affaire « à des enfants » (déposition, page 3 de la cote D49 de la procédure).
Et pourtant le policier a été jugé coupable du tir, mais relaxé pour avoir obéi à un ordre qui ne semblait pas « manifestement illégal » au tribunal, alors que la matérialité de cet ordre n'a jamais été examinée, et que les responsables hiérarchiques responsables de cet ordre supposé n'ont pas été cités à comparaître, même comme simples témoins.
Confiants et attentifs dans votre souci des Droits humains, et alors que cette affaire fait l'objet actuellement d'une saisie du tribunal administratif et d'un appel au civil d'une décision en première instance du tribunal de Nantes qui se tiendra le 22 mars à Rennes, nous vous demandons, madame la Garde des Sceaux, d'ouvrir une enquête sur ces anomalies, et de nous informer de ses suites, afin de restaurer la confiance dans la justice. C'est la raison pour laquelle nous rendons publique cette lettre, en vous rappelant que cette affaire a déjà fait l'objet d'une pétition signée notamment par plusieurs personnalités dont monsieur Stéphane Hessel, qui vous a été adressée en juin dernier, ainsi qu'à monsieur le Président de la République et les ministres chargés de l'Intérieur et de l'Éducation.

Nous vous prions de recevoir, Madame la Garde des sceaux, nos salutations distinguées,
Les parents de Pierre
Luc Douillard Emmanuelle Lefevre

Annexe voir plus bas :

Relaxe d'un policier à Nantes :
Adresse au nouveau Président de la République.
Pièce jointe à ce courrier :
Brochure « Flash-ball, LBD, mutilations, violences policières... »,
seconde édition actualisée, mars 2012, Groupe de travail du 27 novembre


Annexe :
Relaxe d'un policier à Nantes :
Adresse au nouveau Président de la République.
Le 6 juin 2012,
En novembre 2007, un policier cagoulé et casqué, en armure, protégé derrière une grille, expérimentait sa nouvelle arme, un "Lanceur de Balles", en ajustant son tir dans l’oeil d'un lycéen dans une manifestation.
Le 3 avril 2012, la Justice prononçait la relaxe de ce policier, tireur récidiviste, au tribunal de Nantes.
Est-il possible que nous vivions dans un pays où l'on peut mutiler un jeune homme pour le seul fait d'avoir manifesté pacifiquement ?
Est-il possible que nous vivions dans un pays où la justice refuse de remettre en cause l'utilisation d'armes contre nos enfants et relaxe le policier tireur ?
Est-il possible que la société civile soit laissée dans l'ignorance de ce déni de justice ?
Qui se lèvera pour exiger une justice qui protège vraiment la jeunesse dans l'exercice de ses droits fondamentaux ?
Vous poserez un acte fort, M. le Président, en prenant fermement position dans cette affaire, symbole des attaques qui s'exercent aujourd'hui sur l'ensemble de nos droits : 1- en réaffirmant le droit constitutionnel d'expression et de manifestation sans avoir à craindre d'être brutalisé, voire mutilé par les forces de l'ordre. 2- en signifiant à la police et à la justice que l'impunité ne peut plus être de mise. 3- en interdisant immédiatement l'usage de cette arme extrêmement dangereuse. 4- en privant ce policier de son port d'arme.

Premiers signataires :
– Le Réseau des enseignants du primaire en résistance
– Stéphane HESSEL, Ambassadeur de France
– Nico HIRTT, Seneffe (Belgique), Membre fondateur de l'Appel pour une Ecole
Démocratique (Aped) - Philippe SCHMETZ, Appel pour une école démocratique, Oproep voor een, Democratische School (Aped / Ovds), Belgique - Hubert MONTAGNER, Professeur des Universités en retraite, ancien Directeur de Recherche à l’INSERM, ancien Directeur de l’Unité “Enfance inadaptée” de l’INSERM, 33 SADIRAC- Angélique DEL REY, Professeur de philosophie, PARIS 75 - Bernard DEFRANCE, Professeur de philosophie honoraire, représentant l'Union départementale CLCV au Conseil départemental de l'accès au Droit de Seine-Saint-Denis - Frédéric JÉSU, Père, Médecin, Pédopsychiatre de service public, Vice-président de DEI-France, 75019 Paris - Philippe WALQUEMANE, DEI-France- Francas93, Bobigny 93000 - André OUZOULIAS, Professeur honoraire, Université de Cergy-Pontoise (IUFM), Formateur d'enseignants - Pierre FRACKOWIAK, Inspecteur honoraire EN, Auteur, Liévin, Pas de Calais - Laurent OTT, Formateur, Chercheur en travail social, Longjumeau 91- Catherine CHABRUN, Enseignante et militante des droits de l'enfant, 91 - Juvisy sur Orge - Jean LE GAL, Responsable des droits de l'enfant de la FIMEM ( Fédération internationale des Mouvements d'Ecole Moderne), REZE ( Loire Atlantique) - Maurice DAUBANNAY, IA-IPR retraité, Militant pour les droits des enfants, 63 Clermont Ferrand - Jacques JOURDANET, Inspecteur honoraire de l'Education nationale, 06510 Gattières - Lucien ANDRE, IDEN retraité, puy de dôme - Elisabeth LE DEUN, Docteure en sciences de l'éducation et Professeure de lettres retraitée de l'IUFM du Tampon, département de La Réunion, 97432 - Stefan CHEDRI, Psychanalyste, Paris, 75 - Bastien CAZALS - Maternelle Louise Michel, 34430 St Jean de Védas - Jacques BERTHELOT, Ancien enseignant chercheur en économie, Toulouse - Cédric LAMARCELLE, Artiste plasticien, Curateur, 94300 VINCENNES - Christian CELDRAN, 08390 Le Chesne, ATTAC - Marie-Laure CADART, Médecin et anthropologue, Aix en Provence - Alain REFALO, Enseignant du primaire, Colomiers, 31 (Haute- Garonne) - Cécile LEFEVRE, Enseignant-chercheur Université Paris Descartes, Paris (...)

audience du 22 mars reportée

sur Presse-Océan.fr

  • Par Sylvaine Salliou
  • Publié le 22/03/2013 | 11:08, mis à jour le 22/03/2013 | 11:34
Une quarantaine de personnes à Rennes, pour soutenir Pierre © France 3 Bretagne
© France 3 Bretagne Une quarantaine de personnes à Rennes, pour soutenir Pierre

Lycéen éborgné par un tir de Flash-ball à Nantes : l'audience civile reportée

C'était en avril 2012. Le tribunal correctionnel de Nantes relaxait un policer accusé d'avoir éborgné un lycéen de 16 ans (photo) avec une arme de type Flash-ball, lors d'une manifestation contre la loi Pécresse sur l'autonomie des universités, le 27 novembre 2007.
Le tribunal avait reconnu que le prévenu avait bien effectué le tir incriminé, mais avait estimé que sa responsabilité pénale ne pouvait être engagée dans la mesure où il avait exécuté un ordre qui n'était pas manifestement illégal. Le policier encourait sept ans de prison.

Audience renvoyée au 28 juin

Un an plus tard, ce vendredi matin, la cour d'appel de Rennes devait examiner la question d'une éventuelle faute civile de la part du policier, qui avait été relaxé au pénal en avril 2012 par le tribunal correctionnel de Nantes.
Le parquet n'ayant pas fait appel, les parties civiles n'avaient pu saisir la cour d'appel que sur la responsabilité civile.
Résultat ? La cour a renvoyé au 28 juin l'audience civile pour une raison de procédure, l'une des parties, la Caisse primaire d'assurance maladie, n'ayant pas été correctement citée et n'étant pas représentée à l'audience.

La colère de Pierre

Aussitôt ce report connu, Pierre, le lycéen éborgné en 2007, a crié "c'est une parodie de justice" dans la salle du tribunal selon France 3 Bretagne

Il avait perdu l'usage d'un œil

La victime, Pierre Douillard-Lefevre, avait perdu l'usage d'un oeil après avoir été atteint d'une balle de LBD40, une arme à balles souples de forte puissance, au cours d'une manifestation lycéenne devant le rectorat de Nantes, le 27 novembre 2007.
Le tribunal correctionnel avait considéré que le policier avait bien effectué le tir incriminé mais que sa responsabilité pénale ne pouvait être engagée dans la mesure où il avait exécuté un ordre qui n'était pas manifestement illégal.
La Ligue des droits de l'Homme est également partie civile dans ce dossier, dénonçant la dangerosité de l'emploi de ces armes, à l'origine de plusieurs blessures graves, pour des opérations de maintien de l'ordre.
Une procédure a également été engagée par la victime devant la justice administrative.
Avec AFP

lundi 18 mars 2013

Rennes, le 22 mars 2013 : Procès en appel du policier tireur du 27 novembre 2007

Contre le flashball et son monde,
ne désarmons pas !




Le 27 novembre 2007, la police nantaise expérimente une nouvelle arme sur une manifestation lycéenne, le LBD 40 : nouvelle génération de flashball plus puissante et plus précise.

Pierre perd l’usage d’un œil.

En avril 2012, après plus de 4 ans de procédure, le policier, tireur cagoulé  — porté volontaire pour tester l’arme expérimentale — Mathieu Léglise est relaxé dans un tribunal de Nantes encerclé par des cohortes policières.



Entretemps, les mutilations policières au flashball se sont multipliées dans l’impunité totale: Joachim et Geoffrey à Montreuil, Joan à Toulouse, Nassuir à Mayotte, Daranka à Corbeil-Essonne, Ayoub à Montbéliard, Bruno et Alexandre à Villiers-le-Bel, à Notre-Dame-des-Landes et ailleurs…



La police est un outil de soumission aux riches, aux décideurs : à l'Ordre existant. Le flashball doit terroriser les pauvres, les précaires, ceux qui se révoltent.



Le 22 mars 2013 à Rennes a lieu le procès en appel du policier tireur, c’est l’occasion : de rappeler que les violences policières ne sont pas des « bavures » ou des cas isolés, de mettre en lumière les mensonges, les crimes et l'impunité de la police, de manifester notre opposition au flashball et son monde de contrôle et de terreur.


vendredi 15 mars 2013

14 mars 2013 : Non lieu à Toulouse

 sur http://carredinfo.fr

 Tir au flashball sur Joan Celsis à Toulouse : les juges confirment le non lieu en appel

La cour d’appel de Toulouse a confirmé jeudi 14 mars le non-lieu concernant l’affaire de Joan Celsis, un manifestant blessé par un tir de flashball en 2009.
A la demande de Joan, ses avocats ont décidé de présenter un pourvoi en Cassation.
En octobre 2012, le juge d’instruction avait rendu une ordonnance de non-lieu parce que l’enquête n’avait pas pu conduire à identifier l’auteur du tir. « Nous relevons appel de cette ordonnance, car c’est justement une enquête qui pourra identifier le policier qui a commis l’infraction et donc l’amener à être jugé », expliquait à l’époque maître Julien Brel, l’un des avocats du jeune homme, « d’autant que l’enquête est pleine de versions contradictoires . Dans ce dossier, nous avons le sentiment que les choses n’ont pas été poussées ».

Joan Clesis

Le compte-rendu de l'audience du 17 janvier 2013
 
Blessé en 2009 par un tir de flash-ball policier lors d’une manifestation à Toulouse, Joan Celsis a demandé la réouverture de l’enquête devant la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Toulouse ce jeudi 17 janvier. La décision sera rendue le 14 mars prochain.
Encadré par ses avocats, Julien Brel et Pascal Nakache (par ailleurs président de la section Toulouse de la Ligue des droits de l’Homme), Joan Celsis est entré vers dix heures dans la salle d’audience. Une dizaine de soutiens l’a attendu une trentaine de minutes à l’extérieur de la salle, la séance, « en chambre du conseil », étant fermée au public.

Le conseiller rapporteur a demandé la confirmation du non-lieu toujours au motif qu’il est impossible de déterminer quel policier a tiré

Le 19 mars 2009, alors qu’il participait comme étudiant à un manifestation, un tir de flash-ball, utilisé ce jour là par quatre policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) de Toulouse l’atteint au côté droit du visage et lui fait perdre son œil.
 
En octobre 2012, le juge d’instruction avait rendu une ordonnance de non lieu parce que l’enquête n’avait pas pu conduire à identifier l’auteur du tir. « Nous relevons appel de cette ordonnance, car c’est justement une enquête qui pourra identifier le policier qui a commis l’infraction et donc l’amener à être jugé », expliquait plus tôt dans la semaine maître Brel, « d’autant que l’enquête est pleine de versions contradictoires . Dans ce dossier, nous avons le sentiment que les choses n’ont pas été poussées ».
Dans la majeure partie des affaires criminelles, le coupable ne se désigne pas de lui-même. Alors pourquoi dans ce cas, l’on attend qu’un policier finisse par avouer qu’il a tiré…?

De forts soupçons envers un des policiers

A la sortie, la défense du jeune homme de 29 ans relate : « le conseiller rapporteur a demandé la confirmation du non-lieu toujours au motif qu’il est impossible de déterminer quel policier a tiré. Nous avons défendu qu’il était impensable de prononcer un non-lieu dans une affaire criminelle alors qu’il est établi qu’un policier a tiré et blessé à l’œil Joan. Dans la majeure partie des affaires criminelles, le coupable ne se désigne pas de lui-même. Alors pourquoi dans ce cas, l’on attend qu’un policier finisse par avouer qu’il a tiré… à plus forte raison quand nous avons réussi à établir qu’ils avaient déjà menti ? ».
La défense a par ailleurs suggéré lors de l’audience une mise en examen ainsi qu’une confrontation avec Joan Celsis d’un des policiers BAC de Toulouse, fortement soupçonné comme auteur du tir par les avocats.
En avril dernier, un policier nantais a été relaxé dans un cas similaire. « Mais là au moins, il y a eu un vrai débat. Le policier a dû s’expliquer devant le tribunal et sa victime. Dans notre cas, avec un non-lieu, nous n’allons même pas au procès et les policiers ne sont pas inquiétés », précise maître Nakache.
La décision de la cour d’appel a été mise en délibéré au 14 mars 2013. Si le non-lieu est confirmé, Joan Celsis et ses avocats entendent se pourvoir en cassation et à saisir la cour européenne des droits de l’homme. « Nous irons jusqu’au bout ».

Joan Celsis

jeudi 14 mars 2013

8 mars 2013 : Pierre, Joachim et Ayoub à Audincourt

Dans l'Est Républicain du 9 mars 2013

sur lePays.fr

Audincourt Blessés par Flash-Ball : Pierre, Joachim, Ayoub et les autres 

Joachim Gatti et Pierre Douillard ont perdu un œil après avoir reçu un tir de Flash-Ball. Comme Ayoub Bouthara à Audincourt. Les similitudes vont plus loin…

« Jour J + 2 ans et… RAS. La justice n’avance pas ». Odile Banet, membre du comité « Justice pour Ayoub », constate et déplore les faits. Le 7 février 2011, le jeune lycéen était atteint d’un tir de Flash-Ball qui touchait son globe oculaire alors qu’il se trouvait en marge d’une rixe à Audincourt. Deux ans après, la victime, qui a du mal à se reconstruire, attend toujours que le policier qui se trouvait derrière l’arme réponde de son geste devant le tribunal.
C’est une arme utilisée pour casser du manifestant, pour terroriser
Joachim Gatti et Pierre Douillard ont connu pareil sort. Le premier lors d’une manifestation à Montreuil, le 8 juillet 2009, le second à Nantes, le 27 novembre 2007. Eux aussi ont perdu un œil dans l’histoire et eux aussi attendent que la justice apporte des réponses et sanctionne les responsables de leurs infirmités permanentes.
Hier, ces deux victimes étaient présentes à Montbéliard pour témoigner de leur vécu. « Mon affaire a été très médiatisée au départ. Dans un premier temps, trois policiers ont été mis en examen, mais depuis un an et demi l’instruction n’avance plus » , déplore Joachim, s’interrogeant sur des délais étrangement longs.
Pour Pierre, le parcours a été différent. « Nous avons dû constituer un groupe de travail qui a mené une enquête indépendante en collectant des vidéos, des photos, etc. Grâce à cette enquête, on est parvenu à identifier le policier qui m’avait tiré dessus et il a finalement été mis en examen. Mais au procès, il a été relaxé au prétexte qu’il avait obéi à un ordre ».
Le jeune Nantais fait part de son sentiment « d’impunité policière dans ce pays ». « Et il faut arrêter de parler de bavure. Une bavure, c’est un cas isolé. Or ces cas se multiplient… »
Joachim abonde, citant ce chiffre : « En 2011, 2787 tirs de Flash-Ball ont été recensés. La législation dit que les tirs doivent être effectués au niveau du buste. Ni au-dessus, ni dans le triangle génital. Nos exemples et d’autres démontrent que ce n’est pas le cas ».
Des accidents récurrents qui conduisent le comité à vouloir « mettre sur la table le débat sur l’utilisation du Flash-Ball » , poursuit Odile Banet. Utopique ? « Il faut être clair, c’est une arme utilisée pour casser du manifestant. Pour terroriser ! » , s’emporte Gérard Deneux, des Amis de l’émancipation sociale.
Les membres du comité entendent poursuivre la médiatisation pour que l’affaire ne tombe ni dans l’oubli ni dans les oubliettes de la justice. Joachim Gatti, Pierre Douillard ne sont guère optimistes, mais ils continuent à se battre. Et militent pour que les victimes s’organisent afin que leurs voix groupées aient plus de chance de porter que des actions isolées. Une union face à un immobilisme qui semble être un dénominateur commun à ces mutilants tirs de Flash-Ball.

le 10/03/2013 à 05:07 par Sam Bonjean

Flashball à Notre Dame des Landes

Sur le site Zone à Défendre, site des occupant⋅e⋅s de la ZAD, territoire prévu pour la construction du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Face aux armes de la police

dimanche 24 février 2013, par zadist

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Suite aux nombreux blessés de la ZAD, le collectif « Face aux armes de la Police » propose de lancer une procédure juridique devant le tribunal administratif. Elle vise directement l’autorité qui arme les forces de l’ordre, à savoir ici le préfet de Nantes. Pour nous, c’est une des manières d’attaquer ceux qui nous attaquent. Nous choisissons une procédure administrative qui commence à montrer son efficacité, contrairement aux procédures pénales qui pointent la responsabilité individuelle d’un flic, c’est-à-dire des plaintes contre X qui n’aboutissent à aucune condamnation. Il va sans dire qu’il ne s’agit ni d’attendre justice de la Justice, ni d’assouvir notre désir de vengeance pour nos compagnons blessés ou mutilés. Ce désir reste intact. Le droit est ici une arme parmi d’autres, comme lorsque nous offrons un délai à nos maisons occupées en déclarant des noms d’habitants, en prétextant un protocole de désamiantage ou en défendant l’habitat d’une espèce de chauve-souris.
Nous engageons en ce moment même cette procédure contre le préfet de Nantes suite au tir de flashball qui avait coûté un œil à un jeune homme lors du mouvement lycéen de 2007. Multiplier maintenant ce type d’attaques serait tout à notre avantage.
Cette procédure, strictement administrative, s’inscrit dans une perspective plus large : tenter d’instaurer un rapport de force qui nous soit favorable. Ce que nous visons est multiple.
D’abord, entraver l’usage des armes par les forces de l’ordre, qui les utilisent de façon totalement décomplexée depuis le début des expulsions. Cela pourrait déjà être effectif par le simple dépôt de cette requête – qu’il y ait condamnation ou non du préfet.
Ensuite, toucher des indemnités, qui peuvent s’élever à plusieurs milliers d’euros. Cela permettrait de payer les soins et de prendre en charge les nombreuses conséquences liés aux blessures. Une fois ceci assuré, on pourrait aussi imaginer, avec l’argent de l’État, remplir les diverses caisses de soutien, se payer du matériel de protection, du matériel médical, voire une ambulance !
Enfin, pour nous qui sommes désignés comme des ennemis intérieurs et contre qui on lâche toute bride sur le terrain, cette procédure est une des occasions de se rencontrer et de constituer les moyens de notre autodéfense. Des actuelles luttes antinucléaires aux émeutes de banlieues, des mouvements ouvriers aux luttes dans les prisons, l’offensive doit se généraliser.
Nous avons mieux à partager que nos blessures.

contact : _ equipmediczad(chez)riseup.net
faceauxarmesdelapolice(chez)riseup.net

- La procédure au tribunal administratif (TA)
Avec la complicité d’un avocat, nous avons élaboré une procédure qui consiste à attaquer et à faire condamner au Tribunal administratif l’autorité qui est responsable de l’armement des flics : le ministre de l’intérieur ou le préfet de police. Intérêt tactique et symbolique : taper à un niveau plus important que celui de la responsabilité individuelle. L’argument de fond s’appuie d’une part sur le fait que la responsabilité de la puissance publique est engagée quand les forces de l’ordre font « usage d’armes ou d’engins comportant des risques exceptionnels » (arrêt du conseil d’État du 21 juin 1949) et d’autre part, sur la disproportion entre les fins poursuivies et la méthode utilisée (avis 2009-133 du Comité National de Déontologie et de Sécurité).
Cette procédure administrative n’est pas une procédure judiciaire (pénale) et elle ne peut aucunement entrer en conflit avec elle s’il y en a un. Il n’y a aucune audience publique. La présence du requérant ( "le plaignant") n’est pas nécessaire lors de l ’audience finale et son absence n’est pas dommageable.
- Les différentes étapes :
1. Une demande (requête en référé) d’expertise balis- tique et d’expertise médicale, pour établir un lien entre la blessure et le type d’arme utilisé, est adressée au Tribunal administratif.
2. Un recours hiérarchique en indemnisation adressé directement à l’autorité visée (préfet ou ministre de l’intérieur) et qui demande une indemnisation à partir de la responsabilité de cette autorité. Le refus attendu permet de s’adresser ensuite au Tribunal administratif.
3. Une attaque sur le fond (recours contentieux) demande la condamnation du préfet de police et une indemnisation pour préjudice moral et corporel. C’est, au final, le président du Tribunal administratif qui tranche.